Les Filles au Chocolat : 5 sœurs d’une famille recomposée, vivant dans la paix et l’harmonie (parfois) dans le petit village de Kitnor, à Tanglewood. Honey, Summer, Skye et Coco sont les filles de Charlotte Tanberry, qui tient le bed & breakfast. Cherry, elle, est la fille de Paddy Costello, le nouveau compagnon de Charlotte, avec qui il vient de se lancer dans une fabrique de chocolats bio et équitables.
Malgré la bonne entente qui semble régner à Tanglewood, tout ne va pas pour le mieux dans la famille Tanberry-Costello. Loin de là ! Des relations que Cathy Cassidy met en scène dans sa série Les Filles au Chocolat, dont chaque titre approfondit la métaphore gourmande : les cœurs des titres, ce sont bien sûr ceux des sucreries chocolatées produites par La Boîte de Chocolats, la chocolaterie de Paddy et Charlotte !
La série comporte 5 tomes, consacrés à chacune des filles, plus une nouvelle consacrée à Shay, un des personnages secondaires masculins. Cœur Cerise raconte la façon dont Cherry atterrit dans la famille ; Cœur Guimauve parle de Skye ; Cœur Mandarine de Summer ; Cœur Coco s’intéressera à la benjamine du même nom et Cœur Vanille à Honey, la plus âgée des sœurs. Les jeunes filles ont entre 11 et 15 ans et, on s’en doute, elles totalisent à elles cinq un certain nombre de problèmes et questionnements fréquents à cet âge-là. En s’intéressant tour à tour à chacune des sœurs, Cathy Cassidy traite les sujets un à un, en offrant une personnalité intéressante à ses personnages.
Dans Cœur Cerise, on parle donc de Cherry, la fille de Paddy, jeune londonienne orpheline de mère. Pour combler cette absence, Cherry invente une histoire, puis une autre, puis encore une autre… et sombre assez vite dans la mythomanie, pensant que s’inventer de belles vies fictives améliorera la triste réalité. Lorsqu’elle emménage à Tanberry, chez Charlotte, Cherry ne sait pas trop sur quel pied danser : aucune des filles de Charlotte n’a son âge (elle est entre l’aînée et les jumelles), et sa présence et celle de son père au manoir ne font pas l’unanimité. Honey, l’aînée des sœurs Tanberry, leur est très hostile. Alors Cherry va tenter de se protéger par quelques mensonges bien placés, qui vont – évidemment – lui retomber sur le dos. Et l’attitude de la jeune fille n’aide pas : elle se rend compte assez vite qu’elle a un faible pour Shay, le petit ami d’Honey. Cherry a donc du mal à se situer dans sa nouvelle famille, sa nouvelle école, les camarades de classe. Les familles recomposées, ce n’est jamais évident, surtout lorsqu’on est la cinquième roue du carrosse : voilà à quoi s’attache ici Cathy Cassidy. L’histoire est plaisante, pour peu que l’on pardonne les grosses ficelles du scénario. C’est un roman très gourmand, car toute l’intrigue autour de la création de la fabrique de chocolats donne envie d’en croquer !
Dans Cœur Guimauve, c’est Skye, une des deux jumelles qui est sous le feu des projecteurs : passionnée de mode et de stylisme, Skye a une personnalité bien affirmée. Pourtant, elle a l’impression d’être moins attirante que sa sœur : moins douée, moins jolie, moins drôle, moins populaire… Même son meilleur ami craque pour Summer. C’est désespérant. Skye adore sa jumelle, mais aimerait vraiment sortir de l’ombre.
Dès le début de la série, on se doutait bien que la question de la gémellité finirait par arriver sur le tapis. L’histoire semble aussi feutrée que la protagoniste : Skye est discrète, extrêmement discrète, à tel point qu’elle semble ne capter l’attention de personne, ce qui la déprime. Passionnée d’histoire, elle trompe sa peine en enquêtant sur l’histoire de son village… une histoire à laquelle elle va s’identifier, et qui va venir nourrir sa quête identitaire. C’est un tome nettement moins naïf que le précédent et moins frivole, car l’ambiance y est beaucoup plus sombre et mystérieuse. Cela tranche avec le départ et offre un contrepoint intéressant.
Cœur Mandarine s’intéresse au personnage de Summer, une des deux jumelles. Summer est une passionnée de danse : elle ne vit que pour ça et envisage d’entrer dans une école spécialisée dès le lycée. Pour atteindre le niveau elle travaille extrêmement dur. Et ne comprend pas comment Skye, sa sœur jumelle, peut ne pas aimer la danse autant qu’elle. Puisqu’elles partagent les mêmes gènes, ne devraient-elles pas avoir les mêmes goûts ? Peu importe, elle ira à l’école même si, pour cela, elle doit se séparer de sa famille, avoir peu d’amis, et travailler dur sur elle-même pour être meilleure, et plus légère. On voit immédiatement le problème qui va se poser : pour être toujours plus fine et légère, Summer cesse de manger, persuadée que la nourriture est désormais son ennemie. Cœur Mandarine traitera donc avec pertinence la délicate question de l’anorexie.
Cœur Salé est la nouvelle intermédiaire consacrée à Shay : initialement en couple avec Honey, il lui préfère finalement Cherry, ce qui pose évidemment tout un tas de problèmes qu’on imagine sans peine. Sa passion, c’est la musique mais son père entend bien qu’il reprenne, un jour, la location de canoës pour les touristes. Shay est pris aux pièges entre ses ambitions et celles de ses parents… sans compter la terrible rancune que lui voue désormais Honey. En tentant de la réconforter bien honnêtement, il s’attire les foudres de Cherry, sans compter que tous ses amis lui tournent le dos. De plus, Shay vit dans l’ombre de son frère aîné, et souffre de cette situation, sous des dehors de jeune guitariste surfeur cool et populaire. Comme dans les autres tomes, Cathy Cassidy développe des thèmes sensibles et intéressants qui touchent la jeunesse, bien que le tome soit un peu rapide. Il offre par ailleurs une pause masculine bienvenue dans un univers très féminin !
Cœur Coco a pour personnage principal la petite dernière, Coco. À 12 ans, Coco entend défendre la cause des animaux : en voie d’extinction, maltraités, ou simplement en mal d’affection. Lorsque Coconut, sa ponette préférée, est vendue à une sale brute, son sang ne fait qu’un tour : il faut sauver Coconut par tous les moyens – même les plus idiots. Face à Coco, Stevie, le jeune palefrenier de son centre équestre, qui lui renvoie à la figure toutes ses bêtises et son immaturité crasse. Hautain, exécrable, Stevie cache néanmoins un bon fond, et de lourds secrets, qu’on ne découvre que petit à petit. Sous des dehors simplistes, il sera question de maltraitance, ou du passage de l’enfance à l’adolescence, toujours de façon aussi sensée.
L’auteur a gardé la plus âgée des sœurs pour la fin : Honey hante toutes les histoires, se situe à l’arrière-plan et traîne son terrible mal-être en toile de fond. Le dernier volume, Cœur Vanille, s’intéresse donc à la jeune fille brisée par une rupture amoureuse difficile, l’éclatement de sa famille et l’irruption d’un beau-père et d’une demi-sœur qu’elle déteste cordialement. Honey a fait beaucoup de bêtises dans sa jeune vie, et a fini par se faire exclure de son lycée. Elle s’envole donc pour l’Australie, où elle va retrouver son père, et débuter une nouvelle vie. Une Honey plus mature, plus sage, plus responsable, mais pas vraiment une nouvelle Honey. Pleine de bonnes résolutions, Honey aborde l’Australie le sourire aux lèvres… mais déchante assez vite. Les problèmes semblent l’avoir suivie et, alors qu’elle tente de maîtriser sa vie, elle est harcelée par un inconnu sur internet qui semble tout connaître de sa vie et s’acharne à ternir sa réputation, et à l’isoler de ses nouveaux amis. Parallèlement, les retrouvailles avec son père ne sont pas aussi idylliques qu’elle l’avait prévu, celui-ci semblant plus intéressé par son travail que par sa famille. Honey est la sœur que l’on attendait avec le plus d’impatience : à force de la croiser en arrière-plan des autres histoires, on est familier de son mal-être et, toute tête à claques soit-elle, on a envie qu’elle s’en sorte, et que son histoire finisse bien ! Ce tome traitera donc du harcèlement (scolaire ou non, et plutôt sous l’angle virtuel), avec un message clair et simple (que l’on retrouve dans d’autres tomes) : parlez-en à quelqu’un et ne restez pas isolé dans votre coin ! Parallèment à cette histoire de harceleur, on va se pencher sur la question des relations amoureuses à l’adolescence : premier amour, amour de vacances, coup de foudre, tous y passent. Il faut dire que le cadre exotique de l’Australie favorise le thème ! Mais l’auteur, comme à son habitude, ne se contente pas de livrer une petite romance acidulée: le thème est fouillé, les angles sont bien choisis. Bref : c’est à la fois divertissant et intelligent !
Les Filles au Chocolat est une série qui se bonifie au fil des tomes : si le premier semble extrêmement léger, on gagne en maturité et en profondeur à chaque tome. Chaque histoire est prétexte au développement de sujets importants, et auxquels enfants et adolescents peuvent être confrontés. Il est bien sûr question de famille nombreuse et recomposée, de relations fraternelles et parents-enfants, mais aussi de quête identitaire. Autant de thèmes qui son traités à chaque tome (et sur l’ensemble de la saga), à côté des thèmes plus spécifiques à chaque protagoniste. à cela s’ajoutent les petits tracas du quotidien, les amitiés, les amours, les grandes victoires et les petites désillusions habituelles. Le message, globalement, est clair et bien mené, mais il est dommage que les histoires soient si courtes : c’est parfois un peu superficiel, malgré un projet pour le moins intéressant ! Quoi qu’il en soit, c’est avec plaisir que l’on suit les aventures des cinq sœurs et, au passage, du reste de la famille – chaque tome est consacré à une des sœurs, mais les autres évoluent en arrière-plan. En plus, l’histoire de la fabrique de chocolats sert de fil rouge, et est le prétexte idéal pour proposer, en fin de tomes, des recettes gourmandes accordées aux personnalités des sœurs, et aux titres des tomes.
Voilà une série qui devrait plaire aux jeunes lectrices (et pourquoi pas aux jeunes lecteurs, il ne faut pas se laisser arrêter par les couvertures très girly), et une lecture idéale pour se changer les idées pendant les vacances ! À glisser entre la crème solaire et le chapeau de paille…
Série Les Filles au chocolat, Cathy Cassidy. Nathan, 2012-2014.
Si c’est toi qui la recommandes, je prends 😉
Et puis j’ai vu qu’elle était en bibliothèque alors plus aucune excuse pour ne pas la lire… je reviendrai en parler à ce moment-là.
Parfait, je suis curieuse de savoir ce que tu en penseras. J’ai adoré lire ça pendant l’été !
J’ai lu le premier et c’est vrai que malgré le côté très jeunesse j’avais passé un excellent moment 🙂 Cet article me donne envie de continuer la série !
Je ne peux que te conseiller la suite, les tomes gagnent en maturité.
Même si les livres sont très courts, il sont de plus en plus intéressant alors je vous les conseillent vivement ,l’ histoire est bien construite et on rentre chaque fois dans un univers différent et très intéressant, qui donne envie. Le livre est court mais ce n’est pas un défaut car l’histoire est très belle et approfondie quand même.
JE SUIS FAN DE CETTE SERIES !!!!!!!!! Il reste plus qu’a lire les BD !!