Une douleur dans le dos rend très inquiet le héros de ce roman singulier. Père de deux enfants qui ont quitté le nid, marié à Elise, le narrateur voit sa vie basculer à cause de ce simple mal de dos. Simple au début, mais qui s’amplifie au fil des pages. « Intensité de la douleur : 7 ». Peu à peu, les ennuis s’accumulent : sa femme le quitte car elle ne l’aime plus, il rencontre une autre femme, se brouille avec son entourage…
David Foenkinos a habitué son lectorat à des histoires centrées sur des personnages caractéristiques : une amoureuse désabusée, un collectionneur pathologique, et ici, un malchanceux. Seul face au monde, le narrateur se raconte. Littéralement. Il livre chaque détail de sa vie et embarque avec lui un lecteur pris au piège des pages. Car, bien que narcissique, ce roman allie une certaine naïveté (le héros est au cœur d’un tourbillon incontrôlable) et une vision thérapeutique de la vie (comment affronter les aléas d’une existence déchue ?).
La force de l’auteur réside en une seule chose : rendre une histoire somme toute banale à souhait en une aventure littéraire prenante. Le récit tient la route, sans fioriture, grâce à la plume talentueuse d’un auteur qui n’a plus à faire ses preuves. Ironie, second degré, autodérision et même hypocondrie sont les maîtres mots d’un maître du genre. David Foenkinos a l’art et la manière de nous faire apprécier un personnage qui se considère lui-même sans grand intérêt -voire même indigne d’intérêt- en faisant jouer notre corde sensible, notre besoin d’empathie chronique caractéristique des lecteurs compulsifs.
Bref, ce roman est une ode à la vie simple et une satyre réussie de la modernité. Le narrateur s’en donne à cœur joie : tantôt doux et sensible, tantôt hypocondriaque et inquiet, tantôt colérique et quasi-violent. L’absurdité de l’existence lui apparaît petit à petit et il se doit de réagir.
Comment les autres vont-ils accueillir ce nouveau Moi ? Leur avis est-il vraiment le plus important ?
Je vais mieux, David Foenkinos. Folio, 2014.
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