Vendredi soir, ayant fini le premier tome du Cycle d’Alamänder, je me suis lancée dans la lecture de Bird Box, car j’avais entendu plusieurs échos positifs et je voulais m’en faire mon propre avis.
Grand bien m’en a pris, car c’est un nouveau coup de cœur littéraire 2014 que j’ai dévoré en l’espace de quelques heures et qui m’a tenue réveillée jusqu’à 3h du matin !
L’histoire est absolument palpitante. Nous plongeons dans le monde de Malorie et de ses deux enfants (appelés « Fille » et « Garçon » tout au long du récit), qui, un beau matin, s’aventurent à l’extérieur de leur maison. Jusque-là, on pourrait se dire « Super, et alors ? », mais la différence est que la terre de Malorie n’est plus celle que nous connaissons : si l’on s’aventure les yeux non bandés dehors, on risque de devenir fou et de nous donner la mort dans d’atroces souffrances.
On suit ainsi cette femme, qui, un beau jour, décide qu’il est temps de partir de la maison qui l’a protégée jusqu’alors.
On ne comprend pas tout à fait ce qui se passe au début, on ne saisit pas toute l’ampleur de l’horreur qui sévit dans ce monde. Mais qu’on ne s’inquiète pas : nous alors le découvrir au fil des pages et des flashbacks qui ramènent Malorie quatre ans plus tôt, alors qu’elle découvre qu’elle est enceinte, que l’épidémie mystérieuse apparaît à la surface de la Terre et se répand, en même temps que la terreur.
Dans ces souvenirs, nous suivons Malorie, qui trouve refuge auprès d’autres survivants, dans une petite maison. Là-bas, elle cherche sa place et se noue d’amitié avec un certain Tom.
Nous avons ainsi deux histoires en parallèle : celle des mois qui suivent l’épidémie et celle du périple de Malorie sur la rivière quatre ans plus tard. On suit l’évolution de cette jeune femme que cela soit dans le refuge avec ses colocataires ou durant son voyage à l’air libre. L’horreur est dévoilée petit à petit, dose de sang après dose de sang, ce qui ne fait que renforcer la tension tout au long des 350 pages de ce livre. Contrairement à d’autres récits post-apocalyptiques, Bird Box ne nous montre pas tout dès le début, on ignore ce qui se passe, ou ce qui rend fou les humains. Cela vient au fil du roman et je trouve cela très puissant comme lecture car il nous est impossible de l’abandonner ne serait-ce que quelques minutes.
Les personnages sont très bien dépeints, détaillés et ont une grande profondeur. Malorie est une jeune fille qui devient une femme, qui devient une mère, en quelques mois (en quelques semaines même) et qui apprend à sans sortir dans ce monde où l’espoir n’existe plus (ou presque). J’ai été ébahie par sa force et sa volonté de vivre alors que toute sa famille a disparu.
Le personnage de Tom m’a également beaucoup touchée, comme nombre de lecteurs j’imagine. C’est un homme sensible, intelligent, fort et calme, malgré tous les événements qui lui tombent dessus. Jusqu’au bout, il essaie de demeurer positif, d’aller de l’avant et de chercher des solutions. C’est un personnage comme on aimerait en avoir plus, qui représente un espoir dans l’obscurité. Il a un rôle très central dans ce roman, représentant un véritable repère sécurisant pour l’héroïne, jusqu’à la toute fin.
Quant à la plume de Josh Malerman, que dire d’autre si ce n’est qu’elle est parfaite ? Rude mais poétique, directe mais sensible, elle nous transporte aux côtés de l’héroïne et nous fait frémir mieux qu’un bain de glaçons. Aucune tournure de phrase inadaptée, ou lourdeur mais des mots qui coulent un peu comme la rivière sur laquelle vogue Malorie une bonne partie du roman.
Un point qui m’a particulièrement interpellée est le fait que dans ce roman post-apocalyptique, le danger vienne non pas de créatures mais de leur simple vue, capable de rendre fou au point de se tuer. En soi, les créatures (ou peu importe ce que c’est), n’attaquent jamais et elles ne dévorent pas les humains qui se sont tués. Mais pourtant, elles sont partout, et si on les voit, alors nous sommes perdus.
Ce qui fait que, contrairement à d’autres romans post-apocalyptiques où l’on peut s’en sortir avec un bon fusil, ici il n’y a aucun moyen de leur échapper dès le moment où on les voit. Ce qui rend leur présence encore plus terrible, mais en même temps plus attirante, car, au final, à moins de leur faire face (et donc de dire adieu à notre cerveau, ainsi qu’à notre vie par la même occasion), nous ne savons jamais réellement ce qui se cache dehors.
J’ai trouvé très intéressant de traiter ces Créatures de cette manière, qui donne une vraie dimension au livre. Ici, le danger réside dans l’inconnu, dans ce qu’il y a camouflé dans l’obscurité, dont nous ignorons tout. Sauf qu’ici, il n’y a aucune chance de pouvoir affronter ce danger, cette peur indicible, qui s’en retrouve renforcée.
J’appréhendais un peu le côté « voyage avec les yeux bandés » de l’héroïne. Avant l’ouvrir, je ne pouvais m’empêcher de me dire « Je vais m’ennuyer : si les protagonistes ne voient rien, je ne verrai rien aussi. » Mais Josh Malerman arrive à nous faire ressentir la peur, le stress, la pression de ses héros et le sens de la vue se retrouve remplacé par celui du toucher et de l’ouïe. Nous entendons chaque bruissement de feuilles, chaque chant d’oiseau, chaque grognement de chien. Nous sentons la morsure du vent, la tiédeur du sang qui coule, la moiteur de l’air… C’est une lecture absolument passionnante et délicieuse dont on ressort bouleversé et déboussolé, comme si, durant les dernières heures, nous avions aussi vécu à l’aveugle, tâtant l’obscurité.
Un roman à découvrir absolument !
Ah personnellement j’ai trouvé les personnages assez superficiels 🙂
En revanche j’ai énormément stressé !
Je suis en train de le dévorer et la magie opère, c’est le moins que je puisse dire !