Courir vite. Ne faire confiance à personne. Toujours avoir un couteau. Telles sont les trois règles pour survivre dans la citadelle de Hak Nam, une zone de non-droit, où, loin de la lumière du jour, fleurissent les trafics en tout genre : drogue et chair en tête. Dans les rues tortueuses et grouillantes, des gamins faméliques côtoient les hommes de main de la Confrérie, la mafia locale, qui tient d’une main de fer les maisons closes et le trafic de stupéfiants. A sa tête, le terrible Longwai, qui règne en maître sur la citadelle, craint et respecté. Un criminel endurci, prêt à tout pour conserver la main-mise sur la ville.
Longwai, c’est celui qui retient Mei Yee prisonnière dans une maison close. Vendue par son propre père, la jeune fille est depuis la maîtresse d’un homme politique influent et évolue dans l’atmosphère feutrée et confinée du plus grand lupanar de la citadelle. Dans les rues, sa jeune sœur Jin Ling écume les venelles à sa recherche, déguisée en garçon pour éviter les désagréments que sa féminité pourrait lui faire subir dans les rues. Le monde d’Hak Nam est impitoyable : la faim, la violence, le viol guettent les adolescentes trop démunies.
Leur route va croiser celle de Dai, un jeune homme mystérieux qui pourrait bien tout faire basculer dans dix-huit jours. Il doit pour cela s’introduire dans l’établissement de Longwai… au péril de sa vie.
En cette fin d’année, MsK nous offre un titre jeunesse de qualité, dans un monde résolument original : celui d’une citadelle chinoise glauque et dangereuse, un véritable coupe-gorge, où évoluent trois personnages attachants. Hak Nam est un lieu froid, humide et inhospitalier, campé en quelques pages : la description qui en est faite est très réaliste, et c’est ce cadre hors-norme qui fait tout l’intérêt du roman. Ce microcosme fait de magouilles en tout genre, de blessures à l’arme blanche et d’abris précaires fait un excellent terrain pour les aventures des trois héros. Bien qu’archétypaux et donc potentiellement « clichés » (le gamin des rues, la prostituée et le gosse de riche en quête de rédemption), les personnages nous touchent en plein cœur. La relation fraternelle qui lie Mei Yee et Jin Ling, l’idylle naissante, toute en pudeur, entre Dai et Mei Yee, l’amitié solide qui se noue entre Dai et Jin sont autant d’aspects du roman qui le rendent très sympathique à lire. Jin est particulièrement émouvante : fragile et courageuse, cette toute jeune fille est prête à tout pour survivre et retrouver sa sœur disparue, Mei Yee. Le destin de Mei Yee permet à l’auteur de nous plonger au cœur du commerce de la chair, un monde terrible, sans pitié… Mei Yee et ses comparses doivent subir la venue des clients et leurs désirs, leur violence, parfois. Et en cas de fuite, le châtiment est terrible.
Ryan Graudin nous livre ainsi un récit addictif et bien tourné, avec un univers bien à part et une tension omniprésente : le dépaysement est total.
J’ai rarement été déçue par les titres MsK donc il va sans dire que celui-ci me faisait de l’œil ! Ta chronique me donne encore plus envie de m’y mettre !
Je ne connais pas le roman, merci pour la découverte. Je vais essayer de le feuilleter en librairie pour voir si le style de l’auteur pourrait me plaire ! Très belle critique !
Je suis vraiment fan de cette couverture depuis que je l’ai vue. Cependant le résumé ne me parlait pas vraiment : pas certaine d’apprécier. Mais ce que tu dis des personnages change un peu la donne… tu as réussi à me donner envie (et ta conclusion est juste carrément irrésistible pour ma faible volonté ^^)
J’en suis ravie 🙂 🙂