Le vieux Stépan vit seul avec sa chienne à l’orée d’une forêt, sur la route de Beit Zera, quelque part en Israël. Chaque jour, la routine, encore et encore. Stépan se lève, réveille la chienne, travaille dans son atelier, met de l’argent de côté. Et il écrit à son fils Yankel, qui vit en Nouvelle-Zélande, et qui lui manque terriblement. Yankel a fui le pays après avoir tué un homme plusieurs années plus tôt, sur la route de Beit Zera. Un meurtre absurde, le fruit d’une erreur dans la nuit. Père et fils sont donc séparés par la force des choses.
Un adolescent mystérieux brise pourtant la solitude du vieil homme : il vient tous les jours, caresse la chienne, l’emmène parfois se promener dans les bois. Il n’est pas bavard et considère Stépan avec méfiance, si ce n’est crainte. Une relation tacite et silencieuse se noue entre les deux hommes
Un jour Stépan se réveille et découvre que sa chienne est désormais trop vieille, trop usée pour se lever, et qu’elle souffre. Il décide de lui ôter la vie pour la soulager. Hubert Mingarelli nous plonge alors dans les souvenirs du vieil homme : nous découvrons alors pourquoi Yankel a dû quitter le pays, la jeunesse de Stépan, l’arrivée de la chienne…
C’est grâce à de brefs moments de vie, tout en simplicité, qu’Hubert Mingarelli nous dépeint la vie de Stépan, protagoniste touchant dans sa solitude, et ses relations avec ses rares proches : son fils Yankel, sa chienne, son ami Samuelson, et finalement, l’adolescent qui vient tous les jours passer quelques instants avec la chienne. Le style, factuel et sans artifice, se prête particulièrement bien à cette histoire poignante où les relations familiales sont rendues tragique par l’éloignement. Les retours en arrière permettent de comprendre comment un homme peut se retrouver aussi isolé, presque un ermite, jusqu’à ce que son univers se réduise à une chienne et aux lettres qu’il envoie fréquemment vers une contrée lointaine, fantasmée, qu’il rêve de rejoindre un jour, loin d’Israël. Cette décision que Stépan doit prendre ce matin-là est sérieuse et très triste, mais ce n’est pas la première fois qu’il doit décider quelque chose qui lui déchirera le cœur. Cette chienne qu’il s’apprête à tuer a été la lumière de sa vie ces dernières années. Le récit prend alors une teinte poétique et sensible. Un roman sur l’absence et la solitude qui touche en plein cœur.
Moi aussi j’ai beaucoup aimé ce livre (http://www.vivelaroseetlelilas.com/2015/01/la-route-de-beit-zera-drame-sous-le-lac.html). Lu avant les attentats de la semaine dernière, sa relecture s’impose… Un roman de fraternité et d’espoir !