Avaler du sable : western et zombies !

Avaler du sable

Avaler du sable est une petite pépite, mais surtout un sacré OVNI : si certaines mauvaises langues prétendent que le western est mort, Antônio Xerxenesky nous prouve le contraire. Et à ceux qui claironnement que le western se mélange mal au fantastique et à la science-fiction, évoquant le très dispensable Cowboys contre envahisseurs qui, malgré une idée de base originale (des cowboys luttant contre des extraterrestres) et un casting cinq étoiles (Harrison Ford, Daniel Craig et Olivia Wilde) s’est révélé très décevant, nous pouvons conseiller la lecture d’Avaler du sable, paru ce mois-ci aux éditions Asphalte.

Pas d’extraterrestres chez Antônio Xerxenesky, mais… des zombies ! Tout commence dans une ville poussiéreuse et isolée du Far-West : Mavrak, autrefois Maverick, une bourgade tout en bois blanchi par le soleil. Mavrak est la ville de western par excellence, avec son saloon peuplé de femmes de mauvaise vie, où on sert une gnôle qui pourrait aisément vous perforer l’estomac. On boit d’ailleurs beaucoup à Mavrak, et quand un désaccord secoue la ville, cela se règle par un bon vieux duel au soleil. Ici, pas de justice… mais c’est en passe de changer.

Depuis toujours, deux familles de Mavrak se haïssent cordialement : les Marlowe et les Ramirez. Un des fils Ramirez vient justement d’être retrouvé, une balle logée dans le bas-ventre. Le gouvernement, s’avisant qu’à Mavrak règne le chaos, dépêche un shérif, en charge d’éclaircir l’affaire. Drôle de représentant de l’ordre, pieux, sobre et incorruptible, autant dire un alien aux yeux des habitants de Mavrak… Il ne pourra cependant arrêter l’horreur en marche… bientôt, les morts se relèveront et déferleront sur la petite ville…

Avaler du sable

Avaler du sable fleure bon le sable chaud, justement… Mavrak semble tellement réelle, qu’on croit déjà voir au-delà des mots les portes battantes du saloon, et les virevoltants qui passent au loin dans le champs visuel… C’est un récit qui s’impose à l’esprit sans mal, car en quelques descriptions bien senties, le décor est planté. La rivalité entre les Marlowe et les Ramirez semble ancestrale : on se moque un peu du pourquoi du comment, comme pour celle qui déchire en d’autres temps et d’autres lieux les Capulet et les Montaigu. Elle est là, c’est tout ce qui compte, et va mener la ville au chaos le plus total.

Mais Mavrak n’est pas le seul sujet du roman. Car, par une mise en abîme adroite, nous découvrons que l’histoire des Ramirez et des Marlowe nous est en réalité contée par un vieil homme qui décide de prendre la plume (ou plutôt, sa machine à écrire, puis son ordinateur) pour nous raconter son histoire familiale. C’est l’occasion d’une jolie réflexion sur l’écriture, sur l’acte de transmettre.

Avaler du sable est un récit très visuel, très cinématographique, qui aurait pu être encore davantage développé, pour notre plus grand plaisir. C’est en effet tout un univers littéraire chargé de promesses qu’Antônio Xerxenesky fait sortir du sable. Si l’on pouvait redouter l’entrée en scène des morts-vivants, c’est en réalité très bien amené, et l’occasion de scènes mémorables dans les rues de Mavrak.

Qui sait, ils sont peut-être encore en train d’errer dans la bourgade…

Avaler du sable, Antônio Xerxenesky. Asphalte, février 2015. Traduit du portugais par Mélanie Fusaro.

Par Emily Vaquié

A propos Emily Costecalde 1154 Articles
Emily est tombée dans le chaudron de la littérature quand elle était toute petite. Travaillant actuellement dans le monde du livre, elle est tout particulièrement férue de littérature américaine.

3 Commentaires

  1. Punaise je découvre ce livre et ta chronique. Mais mais ça m’a l’air d’être vraiment le type d’ovni dont j’adore me régaler.
    oh làlàlà, opération craquage en approche, merci de cette découverte !

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