Le Secret de l’inventeur, un succès Lumen !

Comme la plupart des auteurs Lumen, Andrea Cremer est américaine. Elle n’est pas forcément très célèbre en France mais a connu un certain succès avec la saga Nightshade qui met en scène une meute de loups-garous. A noter d’ailleurs qu’elle sera au Salon du livre de Paris fin mars sur le stand Lumen pour des dédicaces. Avec Le Secret de l’inventeur, Andrea Cremer aborde un genre peu développé dans la littérature jeunesse : le steampunk, aussi appelé rétro-futurisme, punk à vapeur, futur à vapeur ou chronique du futur antérieur. L’idée est de mettre en scène toute sorte de machines étranges, comme a pu en parler Jules Verne. Certains succès télévisés ou littéraires se sont inscrits dans ce style artistique, à savoir : le manga Fullmetal Alchemist, le dessin animé Le secret du sable bleu ou les films Hugo Cabret et Hellboy.

Le Secret de l’inventeur raconte les aventures de Charlotte, une jeune résistante qui vit dans un monde alternatif. La guerre d’indépendance des États-Unis a échoué et l’Empire Britannique a voué les rebelles à une vie d’esclavage. Mais la guerre continue entre Résistants et Britanniques. On se situe donc dans les années 1800-1850 et les machines volantes et autres armes de guerre fonctionnant à la vapeur sont le lot quotidien des habitants. L’héroïne Charlotte a 16 ans et est issue d’une famille de rebelle : ses parents sont au front tandis qu’elle se terre avec d’autres enfants de la Rébellion dans les Catacombes, un endroit secret non loin de la cité flottante de New-York. Mais un jour, un étrange garçon amnésique fait son apparition, accélérant les rouages de la Résistance. Charlotte et son frère Ashley, accompagnés de Meg, Jack et du mystérieux inconnu partent sous couverture à New-York pour tenter de déjouer les plans de l’Empire Britannique. Charlotte se fait passer pour la fille d’un ressortissant des Îles qui fait son entrée dans la cours des grands, escortée par un officier militaire de l’Empire et de ses servants. Les enjeux sont nombreux : il s’agit pour la petite troupe de rencontrer les grands pontes de la Révolution et de découvrir la véritable identité du jeune inconnu. Malheureusement pour Charlotte, ses nerfs vont être mis à rude épreuve par les règles strictes de la vie à New-York.

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Le Secret de l’inventeur s’inscrit dans la lignée des sagas à succès qui mettent en avant le girl power (pensons à Hunger Games ou Divergente). L’idée est de mettre en avant une héroïne dépassée par les événements mais qui fera tout pour sauver ceux qu’elle aime. Le lecteur adolescent ou jeune adulte se reconnaît tout à fait en un ou l’autre des personnages : Charlotte, en héroïne franche et entière, Jack, le beau brun ténébreux qui enchaîne les bévues ou encore Meg, l’adolescente qui a grandi trop vite et qui doit se comporter en mère pour ses camarades. Notons aussi un début de romance qui ravira les lecteurs : l’intrigue se ponctue en effet de quelques scènes de romance, sans entrer dans la niaiserie ni dans le convenu.

Le Secret de l’inventeur, c’est également l’occasion de découvrir ou redécouvrir le genre steampunk. Que les lecteurs se rassurent néanmoins, le récit ne souffre pas de lourdes descriptions. Les machines et autres engins mécaniques sont intégrés à l’histoire de façon fluide et naturelle. Par moment, certains passages m’ont fait penser à l’excellent La Passe-Miroir de Christelle Dabos sorti aux éditions Gallimard en juin 2013. De la même manière, le monde décrit est une merveille pour les yeux : le lecteur peut ouvrir grandes les vannes de son imaginaire pour recréer les machines et décors présentés. Cet esthétisme se retrouve d’ailleurs dans l’objet livre lui-même puisque la couverture et l’intérieur se sont mis aux couleurs du steampunk. La couverture présente donc une quasi-sculpture métallique en forme de cœur à rouage, un peu comme le héros de La Mécanique du cœur. L’intérieur quant à lui est paré de mécanismes d’horlogerie à chaque première page de chapitre.

Le Secret de l’inventeur, c’est pour qui ?

C’est un fait, 55% des lecteurs de romans jeunes adultes sont en réalité des adultes et non des adolescents. Le débat fait parler de lui sur la toile et dans les journaux. Le quotidien britannique The Guardian a d’ailleurs sorti la semaine dernière un article à ce propos : une des raisons évoquées est la capacité des romans jeunes adultes à nous distraire des horreurs du monde avec des aventures hors du commun et des personnages charismatiques. On notera par ailleurs que la saga Harry Potter a en partie modelé toute une génération qui, en grandissant avec le sorcier, se sont attachés à un univers parallèle ravivé par John Green, Suzanne Collins and Cie.

C’est dans cette veine que s’inscrit Le Secret de l’inventeur. En jouant avec les codes historiques et en remettant au goût du jour les fabuleuses inventions de Jules Verne, Andrea Cremer propose à ses lecteurs une aventure palpitante aux antipodes du quotidien morne et terne. L’occasion rêvée d’analyser les codes d’un monde alternatif et ses consonances avec l’époque actuelle sur fond de critique des sociétés totalitaires et de la guerre. Le roman propose ainsi une manière douce de réfléchir aux grands malheurs de la vie grâce à une héroïne rafraîchissante et une plume moderne.

Ainsi, adolescent, jeune adulte ou adulte-tout-court, Le Secret de l’inventeur est fait pour vous ! Découvrez une romancière contemporaine qui n’a pas peur de piocher dans un passé mort et enterré pour faire écho à une société où l’industrie et la technologie prend peu à peu le pas sur le quotidien.

Le Secret de l’inventeur, tome 1 : Rébellion, Andrea Cremer. Editions Lumen, février 2015. Traduit de l’américain par Mathilde Bouhon.

Par Séverine

A propos Severine Le Burel 136 Articles
Littéraire dans l’âme, j’attends d’un roman, film, ou fiction de l’émotion, des bouleversements, un ouragan de sentiments… Bref, j’aime qu’une histoire me touche et me transforme.

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