« Le pouvoir est un jeu dangereux » proclame la couverture de Red Queen, un roman signé par l’Américaine Victoria Aveyard. Et Mare Barrow, l’héroïne, va l’apprendre à ses dépens. Des bas-fonds où vivent les Rouges au palais royal où se prélasse la cour Argent, il n’y a parfois qu’un pas… que la jeune fille va franchir en un rien de temps.
La jeune fille vit à Norta, dans un village misérable rongé par la misère, qui survit péniblement dans la crainte de la guerre. Le quotidien est morose et Mare n’a d’autre perspective que celle de la conscription, en vue d’une guerre interminable, qui a déjà estropié son père et éloigné d’elle trois frères. Pour manger à sa faim, l’adolescente se rend coupable de menus larcins. Elle voue aux Argents, l’élite du pays, cruelle et égoïste, une haine sans borne. Doués de pouvoirs impressionnants, ceux-ci entretiennent la peur chez les Rouges, pour mieux les asservir, et tirent une grande fierté de la couleur argentée de leur sang.
Il suffit parfois d’un rien pour que votre vie bascule. Tout s’enchaîne bien vite pour Mare qui, en un court laps de temps ruine les espoirs de sa famille et se découvre d’étranges pouvoirs, à l’instar des Argents. La voici bientôt élevée au rang de princesse, promise au fils du roi. Une position enviable pour renverser le gouvernement…
Avec Red Queen, la collection MsK frappe très fort : Victoria Aveyard nous plonge dans un univers délicieusement complexe, et l’injustice qui y règne permet au jeune lecteur de réfléchir à des thèmes aussi tragiquement universels que le racisme, l’esclavage et le terrorisme. Persuadée de savoir ce qui est juste, Mare est parfois entraînée sur des sentiers glissants : la quête d’un monde plus juste justifie-t-elle tout ? Y compris la mort de certains ? Un monde meilleur passe-t-il forcément par la violence ? Y-a-t-il des révolutions sans sang versé ? Les questions sont nombreuses, et il est extrêmement agréable de voir que Victoria Aveyard ne les néglige pas au profit de la romance, comme dans de nombreux romans Young Adult. Bien au contraire ! Les discussions sont nombreuses sur la manière de réussir à faire de Norta un pays meilleur, plus égalitaire. Quand notre héroïne est adepte d’une révolution rapide et d’un coup d’état soudain et militaire, le jeune Cal, lui, préfère procéder de manière plus progressive, quitte à ne pas faire évoluer trop franchement les choses, évoquant l’hostilité des pays frontaliers qui, prêts à tout pour préserver les privilèges de leur propre élite Argent, pourrait tout aussi bien se liguer contre Norta (un peu comme l’Europe face à une France déchirée par la révolution). En somme, dans Red Queen, on réfléchit, et ça fait du bien.
La jeune Mare découvre un monde à mille lieux de sa vie à Pilotis : aux côtés des princes Cal et Maven, la jeune fille découvre que les Argents ne sont pas tous diaboliques, même s’ils sont nombreux, à l’instar du couple royal, à faire froid dans le dos. Immergée dans un univers de luxe, où le protocole peut se montrer étouffant, la jeune femme ne perd pourtant pas de vue le destin des siens. Ses premiers pas au Palais sont passionnants à suivre. Servie par un style très addictif, l’histoire de Mare fascine, tout simplement.
Le monde imaginé par Victoria Aveyard est très réussi : elle a su créer un univers bouillonnant, prêt à s’embraser et nous montre aussi bien le quotidien difficile des Rouges que la vie indécente et protocolaire des Argent. La fin de ce premier roman est un véritable feu d’artifice, le lecteur ne sait plus où donner de la tête ! Une fin toute en virtuosité shakespearienne… l’ombre de Richard III rôde…
Red Queen, Victoria Aveyard. Le Masque (MsK), mars 2015. Traduit de l’anglais par Alice Delarbre.
Par Emily Vaquié
J’ai également beaucoup aimé ce premier tome, une série passionnante qui promet d’être approfondie et surprenante!
Hum.. j’hésitais beaucoup à lire ce premier tome, mais je dois dire que cet avis est vraiment très très convainquant.
Allez, je le rajoute sur ma WL et j’attends vite que mon challenge zéro achat se termine pour le découvrir !
Merci pour cet avis !
Je ne l’ai pas encore lu mais la couverture et le résumé me font envie ! En plus je ne lis que des chroniques positives dessus !!
Je viens de récupérer ce livre… J’en ai tellement à lire que la liste d’attente est longue mais cette chronique vient de le faire monter dans les premières places!
J’espère que je serais aussi enthousiaste quand je le chroniquerais moi même sur mon blog.
Je suis aussi allé faire un tour sur la page facebook (je viens de créer la mienne, c’est bien de voir comment font les « grands »)
Il me tente beaucoup ce roman ! Le visuel est déjà très réussi.
La couverture est juste sublime et je pense craquer pour la VO *_*