Règle #1 : N’espère pas leur échapper.
Ils sauront toujours te retrouver.
Dès la quatrième de couverture, le ton est donné. La couverture, elle, montre une jeune fille en fuite. Vous avez donc toutes les clefs en main pour aborder le thriller jeunesse de Michelle Gagnon, jugé « palpitant » par Harlan Coben himself. La classe.
Ne t’arrête pas nous plonger dans l’histoire pas hyper sympa de Noa. A seize ans, la jeune fille, orpheline, a connu la ronde des familles d’accueil, l’abandon, et même la prison pour mineurs. Hackeuse de génie, l’adolescente vit désormais en marge du système : après avoir bidouillé le serveur des services sociaux, elle s’est inventée une fausse famille d’accueil et vit seule.
Aussi, le jour où elle se réveille sur une table d’opération dans un hangar glauque, il n’y a personne pour s’inquiéter d’elle. Désorientée, la jeune fille ne sait rien de ce qui lui est arrivé. Elle a tout de même le réflexe de fuir. Mais ses poursuivants ne comptent pas se laisser distancer comme cela… Sans argent, sans point de chute, Noa a tout intérêt à trouver de l’aide…
Mené à un rythme effréné, tout en courses poursuites et en révélations successives, Ne t’arrête pas s’apparente à une gigantesque partie de cache-cache à l’échelle de la ville de Chicago. Noa a beau être jeune et n’avoir quasiment rien sur elle, elle n’est pas pour autant sans ressources. Ses talents informatiques lui permettent de retomber à peu près sur ses pieds… mais là voilà tout de même obligée de solliciter Peter, un adolescent privilégié qu’elle connaît sur Internet, hackeur lui aussi. De son côté, Peter rencontre aussi quelques petits problèmes… Et ceux-ci sont bien évidemment liés à ceux de Noa.
Sauvage, pragmatique et méfiante, Noa va découvrir en Peter un allié… et un ami. Mais pas le temps pour approfondir les relations humaines ! Le roman de Michelle Gagnon est une véritable course contre la montre, et pourrait illustrer la notion d’efficacité dans le dictionnaire. On va droit au but, droit à l’essentiel. Pas de place pour les habituels atermoiements adolescents. Et cela fait plutôt du bien.
Michelle Gagnon effleure de sa plume le monde des hackeurs, et au-delà, des hacktivistes, ces pirates informatiques engagés qui font condamner criminels du net et ennemis de la liberté d’expression. Le monde du hacking semble un peu simple (nos héros hackeurs sont tout de même lycéens !) mais Michelle Gagnon montre tout de même la puissance potentielle des hacktivites… avec les conséquences qui en découlent. Elle construit soigneusement, pièce après pièce, son intrigue avec des méchants vraiment méchants, qui n’hésitent pas à s’adonner à des expériences médicales sur des cobayes humaines (non consentants, cela va de soi) et n’éprouvent aucun scrupules à balancer les corps de ceux qui n’ont pas survécu aux crabes. La recherche médicale et le bien commun valent-ils que l’on sacrifie quelques marginaux ? La question est posée… et heureusement, Noa et Peter s’élèvent contre ce groupe mystérieux prêt à tout. Comme bien souvent, les adolescents sont livrés à eux-mêmes pour sauver le monde… les parents de Peter, seuls adultes pouvant aider nos deux héros, sont trop égocentriques et effrayés pour prendre fait et cause pour les adolescents. Ce n’est peut-être pas hyper crédible, mais cela semble la condition sine qua non à tout thriller adolescent. Souvenons-nous des aventures d’Alex Rider (Anthony Horowitz) qui, toutes réjouissantes qu’elles soient, mettait en scène un espion… de quatorze ans !
Avec Ne t’arrête pas, Michelle Gagnon nous livre en tout cas un thriller intéressant et bien mené, diablement efficace.
Ça me donne bien envie, en mettant de côté le côté ado pas crédible. Je termine ma pile de bouquins, investi dans une liseuse et pourquoi pas ?!
Le mélange jeunesse/thriller est bien exploité dans ce livre 🙂