Nous étions les reines : amitiés malsaines et relations toxiques

THRILLER — Laurie Elizabeth Flynn est une ancienne mannequin, dont le premier roman,  Nous étions les reines, a déjà été traduit dans plus de onze pays. Il sera apparemment bientôt adapté à la télévision. Sa sortie au format poche chez Hugo est donc l’occasion idéale pour découvrir ce titre décrit comme un thriller psychologique aussi subtil qu’efficace.

Depuis qu’Ambrosia Wellington a quitté la fac, elle s’est donné beaucoup de mal pour s’inventer une nouvelle vie et laisser le passé derrière elle. Lorsqu’elle reçoit un mail l’invitant à la célébration des dix ans de sa promo, son instinct la pousse d’abord à refuser. Jusqu’à ce qu’arrive un étrange message anonyme :  » Nous devons parler de ce que nous avons fait cette nuit-là. » Les secrets qu’Ambrosia pensait enfouis ne le sont pas. Quelqu’un sait. Quelqu’un sait que l’amitié entre Ambrosia et l’extravagante Sully Sullivan les a poussées à jouer à des jeux de séduction de plus en plus troubles, de plus en plus pervers. Mais comment résister au charme vénéneux de Sully, capable de faire faire ce qu’elle voulait à toutes celles et ceux que ce charme envoûtait ?
De retour sur le campus, assaillies par les souvenirs et par les remords, Ambrosia et Sully reçoivent des messages de plus en plus menaçants. Celui ou celle qui les écrit ne cherche pas seulement à connaître la vérité, mais à se venger de ce que les deux filles ont fait dix ans plus tôt, et dont Ambrosia réalise enfin toute la cruauté.

Alternant entre le récit du premier semestre d’Ambrosia sur le campus et celui de son retour dix ans plus tard, ce récit mêle thriller, tragédie et trahison. Ce qui ressort de cette lecture, c’est finalement une impression de malaise permanente. Les comportements décrits dans cette histoire sont évidemment tous hautement toxiques et dénoncés en tant que tels, mais comme aucune alternative n’est proposée, cela gâche un peu l’expérience de lecture. L’autrice aborde ainsi les thèmes de l’amitié et de l’emprise : c’est fascinant de la voir construire cette toile malsaine autour d’Ambrosia afin d’expliquer le drame qui a fait basculer leur vie à toutes. À travers les pages, on découvre la succession de déceptions et de trahisons qui ont rendu Amb amère, et la faille que cela a créé pour que Sully puisse lui retourner le cerveau. Si les mécanismes à l’œuvre sont bien décrits, le livre ne propose aucun message positif ou aucun personnage secondaire avec assez de force de caractère pour faire bouger les choses vers le mieux.

Un autre point qui peut être problématique est à mon sens la représentation qui peut être faite de chacun des deux genres stéréotypés. Pour un livre initialement publié en 2021, il manque donc peut-être un peu de nuances et de modernité … Si on veut grossir les traits, les personnages féminins sont au choix des vraies vipères ou des modèles d’innocence, et leurs pendants masculins ne sont guère mieux lotis… Ou tout blanc ou tout noir, donc. On sait que le personnage à détester est celui de Sully. Malgré tout, Ambrosia, qui est l’héroïne principale, peine à devenir attachante même si on comprend bien qu’elle subit les affres d’une amitié malsaine et toxique dont elle n’arrive pas à se détacher.

Ceci étant dit, c’est un livre prenant qui se lit facilement. On a envie de progresser dans sa lecture pour découvrir le dénouement, qui se permet même le luxe de petits twists surprises afin de d’offrir quelques rebondissements. Il faut également souligner que ce titre a reçu le prix Douglas Kennedy du meilleur thriller étranger l’année de sa sortie, ce qui est sans aucun doute une preuve de qualité pour les amateurs du genre.

C’est donc une rencontre ratée pour cette fois-ci, mais que cela ne vous décourage pas de découvrir ce titre si vous aimez les thrillers psychologiques. L’histoire se déroulant majoritairement lors des premières années de fac des personnages, on le conseillera en particulier aux personnes qui préfèrent le young-adult.

Nous étions les reines, Laurie Elizabeth Flynn. Traduit de l’anglais (Canada) par Caroline Lavoie. Hugo poche, janvier 2023.

 

Par Coralie.

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