Francesca n’a pas vingt ans quand son père meure assassiné. Dès lors, son but est de se servir de tous les enseignements de son père, empoisonneur officiel des Borgia, pour venger sa mort. Et en ce qui concerne la vengeance et les complots, elle a les meilleurs professeurs comme voisins de chambrée : le Cardinal Rodrigo Borgia, son fils César, sa fille Lucrèce et bien sûr, sa maîtresse Giulia. Meurtres, alliances et trahisons sont le lot quotidien de Rome à la fin du XVe siècle. Qui saura déjouer tous les pièges pour s’assurer pouvoir et richesse ? Que la partie commence…
Les Borgia font parler d’eux depuis quelques années, grâce notamment à deux séries télévisées, Borgia (l’excellente création originale Canal + par Tom Fontana) et The Borgias (de Neil Jordan) mais aussi à de nombreux auteurs qui s’attachent à dévoiler les mystères de la sulfureuse famille au travers de récits historiques ou de romans de fiction. Francesca : Empoisonneuse à la cour des Borgia fait partie de cette dernière catégorie.
Pour écrire les aventures de la jeune tueuse, Sara Poole a fait un important travail de recherches pour ancrer son intrigue dans une certaine réalité histoire. Francesca prend corps au cœur d’une Sainte Eglise de Rome corrompue jusqu’à la moelle, où les assassinats sont presque aussi courants qu’une poignée de main entre collègues de nos jours. L’ambiance est teintée des vices d’une époque sombre, où les maîtresses du Pape côtoient les enfants des Cardinaux assoiffés d’argent. Une époque fascinante, à n’en pas douter ! Et peuplée de personnages historiques tout aussi fascinants. Nous retiendrons les deux personnalités les plus piquantes : Rodrigo et César Borgia. Le premier, Cardinal et fier de l’être, est prêt à tout pour devenir Pape à la place du Pape. Tout, même le meurtre, le chantage, les pots-de-vin… absolument tout. Le second, fils bâtard de cardinal (celui-ci n’a pas vraiment clamé haut et fort ses liens de filiation, mais personne n’est dupe), est aussi doux et sage qu’un ours en rut… Autant dire que le lot quotidien du bougre ne se résume pas à prier et aider son prochain.
Au milieu de ce beau monde, évolue Francesca, fille de l’empoisonneur des Borgia, nommée empoisonneuse à son tour dès le premier chapitre. La jeune fille s’adresse à nous directement, comme si elle racontait une aventure survenue il y a plusieurs années. D’ailleurs, elle apporte quelques informations sur le futur des personnages à plusieurs reprises dans son récit des faits. Elle intervient donc en narratrice quasi-omnisciente, connaissant le passé, le présent et le futur de l’action en cours.
Francesca grandit au fil des pages. Certes, il ne se déroule que quelques semaines entre la première et la dernière page du roman, mais plus elle prend en main ses nouvelles responsabilités d’empoisonneuse, plus elle côtoie les Borgia, et plus elle gagne en maturité. Elle devient elle-même un requin parmi les requins, nous prouvant par A+B qu’elle aussi, elle est capable du meilleur comme du pire, grâce ou à cause de l’étrange part d’ombre qui embrume son cœur…
Au fil du récit, j’ai été un peu déçue de ne pas voir César (Cesare pour les puristes) intervenir plus souvent au fil du récit. Ceci mis à part, le tome 1 des folles aventures de Francesca est une merveille : l’Histoire (avec un grand H) est passionnante, les imbroglios politiques truculents et les personnages à croquer. Sans doute Sara Poole a écrit son roman en pensant à un public plutôt féminin… détrompez-moi si vous pensez le contraire ! En tous cas, rendez-vous dans quelques semaines pour la lecture du second tome !
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