L’histoire américaine est passionnante et si elle couvre une période bien moins longue que la nôtre, elle n’en est pas moins complexe. Dans L’Oiseau du Bon Dieu, le lecteur est transporté dans l’Amérique esclavagiste de 1856, dans le sillage d’un personnage réel, l’abolitionniste John Brown. Nous ne sommes qu’à cinq ans du début de la guerre de Sécession, au terme de laquelle l’esclavage sera aboli. John Brown est un personnage de l’Histoire méconnu des lecteurs français : on est même tenté de songer que c’est un personnage totalement imaginaire.
Mais en réalité, la trame du roman de James McBride est basée sur des faits totalement réels, avec en point d’orgue le raid d’Harpers Ferry, qui a eu un fort retentissement dans le pays tout entier. John Brown, personnage haut en couleurs, véritable légende déjà de son vivant, a été pendu suite à ce coup d’éclat, qui contribua à la situation politique qui entraîna la guerre civile. Nous découvrons la mise en place et la réalisation de son plan à travers le regard d’un jeune garçon, Henry, notre narrateur.
Henry est un petit esclave d’environ douze ans qui travaille dans un saloon. John Brown le libère malgré lui et, persuadé qu’il est une fille, l’habille d’une robe et d’un bonnet. Devenu un porte-bonheur pour le vieil homme, Henry le suit partout et découvre une vie nomade, sommaire et rude dans des camps de fortune, où les hommes du Vieux s’entraînent pour le grand jour. Entre les beaux discours menés devant des foules enthousiastes dans des villes de l’Est comme Boston et Philadelphie, et la réalité de la lutte contre l’esclavage dans les plaines du Kansas, il y a tout un monde, qu’Henry nous fait vivre. Aux côtés du Vieux, Henry découvre la faim, le froid, la violence, la peur. Travesti, il se rend bien vite compte que la méprise du Vieux peut bien lui sauver la vie… même s’il entraîne des situations bien gênantes, comme lorsque le grand Frederick Douglass, le célèbre ex-esclave abolitionniste, se met en tête de le séduire…
Porté par la gouaille insolente du jeune Henry, le roman nous fait vivre le combat contre l’esclavage de différentes manières : Henry récolte des fonds pour le Vieux dans les salons huppés, assiste ses raids, le suit dans ses fuites en pleine nature, tout en rêvant son propre départ loin du danger que représente le Vieux, imprévisible et un peu dingue. Séparé un temps du Vieux et de son armée, il travaillera un temps dans un bordel, parenthèse parfois drôle, mais souvent sordide, où il assistera à toute l’horreur de l’esclavage.
Récit très réussi, qui rend l’Histoire vivante et palpitante, L’Oiseau du Bon Dieu nous fait voyager aux côtés de deux personnages vraiment fascinants, un vieil idéaliste un peu zinzin et un adolescent pragmatique et malin. C’est à lire !
Ce livre est super 🙂 !