En cette année commémorative de l’armistice, les romans sur le thème de la deuxième guerre mondiale sont nombreux. James Hewitt, pour son premier roman, n’échappe pas à la date symbolique.
Angleterre, juillet 1940. Lydia, 11 ans, armée de sa petite valise, coiffée de son masque à gaz en prévision des attaques allemandes, s’échappe de la maison du pays de Galles où elle réside, avec d’autres enfants évacués. Direction le Suffolk. Mais c’est un village désert (et dépourvu de ses indications habituelles), que Lydia trouve en arrivant. Déserte aussi, la maison de Greyfriars où elle a grandi ; son frère est, pour ce qu’elle en sait, mort au front, son père, lui, y est toujours… et sa mère a disparu. Abattue, la fillette, se couche néanmoins. Mais la nuit n’est guère tranquille : un homme vêtu d’un uniforme de l’Essex se présente à elle. Il est blessé, plutôt agressif. Lydia comprend bien vite qu’il n’a de britannique que l’uniforme… et que malgré son très bon anglais, il s’agit ni plus ni moins d’un soldat allemand, débarqué en avance pour aider ses camarades à faire plier la fière Albion !
Voilà un roman tout psychologique : en effet, Le Silence des bombes n’est pas un roman d’action, loin de là. L’histoire consiste surtout dans l’improbable face-à-face opposant Lydia à Heiden, entrecoupé de souvenirs de ce dernier longuement détaillés dans de très nombreux flashbacks, n’apportant pas toujours quelque chose à l’arc narratif principal. Le rythme s’en ressent, d’ailleurs.
Car il ne se passe pas grand-chose à Greyfriars et, après la première tentative d’assassinat (d’Heiden sur Lydia) avortée, on pressent à juste titre qu’Heiden ne mettra jamais ses menaces à exécution, car il a trop bon fond. Heiden, justement, ne demandait pas mieux que de rester à Berlin, où il était violoncelliste, avec son amie Eva, premier violon de l’orchestre. La mobilisation en a décidé autrement, et le voilà flanqué d’une gamine dont il ne sait que faire : la tuer ? La laisser vivre sa vie ? Et chacun de camper sur sa position.
Pour garder le cap, chacun ressasse ses souvenirs, mais sans vraiment communiquer l’un avec l’autre. Lydia s’accroche aux souvenirs de ses parents, Heiden ressasse souvenirs heureux avec Eva et souvenirs de guerre. L’ambiance est donc des plus pesantes. De ce point de vue-là, c’est très réussi. Mais le rythme n’étant pas au rendez-vous, on décroche malheureusement assez vite.
D’autant qu’il n’y a pas réellement de suspense quant à l’issue de la confrontation : Heiden, pétri d’humanités et amoureux des compositeurs classiques (interdits à Berlin), romantique dans l’âme, n’a pas vraiment l’envergure d’un méchant garçon. La confrontation, du coup, est un peu fade et n’atteint pas la dimension dramatique que l’on trouve dans Today, we live, autre roman de la rentrée littéraire portant sur le même thème. De plus, Lydia, à 11 ans, n’est pas toujours crédible : par moments, on ne sait pas s’il s’agit d’une enfant ou bien d’une adolescente, ce qui induit des incohérences dans le récit.
L’issue, quant à elle, semble un peu trop tirée par les cheveux pour être vraiment convaincante.
Malgré l’idée intéressante d’une confrontation entre un soldat allemand et une fillette perdue, ainsi que la réflexion sur la cohabitation des deux personnages, Le Silence des bombes peine à convaincre.
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