CINÉMA — Ce dimanche, nous avons vu The Neon Demon. Pourtant, ce n’est que maintenant que nous vous en parlons. La raison ? The Neon Demon, dernière réalisation de Nicolas Winding Refn, est de ces films qui se digèrent. Il fascine et écoeure dans le même mouvement. On sort de la salle de cinéma sans bien savoir ce que l’on en a pensé. Puis, les heures, les jours passent et notre avis se fait plus clair, plus nuancé. On se surprend à y penser, encore et encore, plusieurs jours après l’avoir vu.
The Neon Demon, c’était la sensation du dernier festival de Cannes. Le dernier film de Nicolas Winding Refn était très attendu. La performance d’Elle Fanning, tout juste dix-huit ans, l’était tout autant. Elle incarne une toute jeune fille, seize ans à peine, arrivée à la grande ville (comprendre LA) pour devenir quelqu’un. Comme beaucoup d’adolescentes, elle rêve de percer dans le milieu de la mode. Beaucoup d’appelées, mais peu d’élues, comme le rappelle Christina Hendricks, sous les traits impitoyables d’un agent, véritable prêtresse du milieu. Mais Jesse, elle, est sublime. Elle est unique. Jolie, fraîche, candide. Au sein d’un milieu glauque, et dépravé, qui affame ses stars et prône les coups bas, Jesse fait figure d’exception. Toute de blanc vêtu, la couleur de l’innocence, elle parvient à rester lumineuse dans les environnements les plus sordides — à commencer par ce motel miteux de Pasadena, où elle a posé ses valises le temps de son aventure californienne.
Mais comment ne pas se faire dévorer, dans ce milieu de sangsues ? La beauté et la jeunesse de Jesse suscitent bien des convoitises, bien des jalousies. Certains la désirent, d’autres désirent être elle. Elle ne laisse personne indifférent. Comment, dans ces conditions, peut-elle rester intègre et entière ?
The Neon Demon est un film intensément dérangeant, qui joue avec certains de nos tabous les plus profondément ancrés : la sensation de malaise est présente dès la scène d’ouverture, qui nous montre une Jesse égorgée, qui brille de mille feux. Cette mise en scène macabre, pour un shooting, donne le ton. Jesse ne sera pas épargnée et son sang, d’une manière ou d’une autre, sera versé. Pourtant, il est impossible de quitter l’écran des yeux. Nicolas Winding Refn nous embarque dans un véritable voyage visuel et sonore, jouant avec les lumières (les néons !), les ombres, le tout accompagné d’une bande-son impeccable, diablement efficace. Certaines scènes sont de véritables petits bijoux esthétiques.
L’intrigue peut paraître cousue de fil blanc : en effet, elle n’est pas difficile à suivre, et Nicolas Winding Refn sème suffisamment d’indices pour que le spectateur attentif puisse deviner l’issue du film. Il sait où va le film mais ignore comment. Nicolas Winding Refn emprunte des chemins détournés, joue avec le spectateur comme un chat avec sa proie. Qu’importe les facilités du scénario : le spectateur est ferré. La prestation des actrices principales y est pour beaucoup. Du haut de ses dix-huit ans, Elle Fanning est impeccable : elle incarne avec brio cette innocence, cette pureté qui fascinent tant l’univers de la mode. Face à elle, Abbey Lee et Bella Heathcote font d’admirables rivales, déjà au bord de la péremption à l’aube de la vingtaine. Brillant, mais profondément malsain.
Je ne sais pas s’il passe encore en salle, mais il m’a l’air vraiment bien, merci! 🙂
Le film est en salle depuis le 20 mai.