NEW YORK — Disons-le tout net : voilà un roman comme on les aime ! La Pâtissière de Long Island est une fresque historique et familiale à deux voix très réussie, qui nous a transportés dans le New York des années 30, et nous a donné une folle envie de cheesecake !
L’histoire s’ouvre en 1932. La famille Wiemkes vit chichement dans une tourbière de Frise orientale, en Allemagne. La vie est dure, mais Marie, la fille cadette, est très heureuse de son quotidien simple. Elle sait qu’un jour, son petit frère ira s’installer en Amérique comme leurs aînés auparavant, et qu’elle restera au pays pour s’occuper de leurs parents et de la ferme familiale. Mais tout bascule le jour où elle s’amourache du nouvel instituteur. Avec Arthur, elle conçoit des projets de mariage, bien vite contrariés par la colère paternelle, qui refuse que sa fille épouse un homme qui n’est pas de la même confession qu’eux ! Pour être certain d’éloigner sa fille de cet homme, le père Wiemkes prend une décision inattendue : c’est Marie qui partira pour l’Amérique, et le petit frère qui restera en Allemagne. Voilà donc Marie qui embarque sur un transatlantique, direction New York, seulement armée de son courage et de la recette secrète d’un cheesecake réputé unique !
Bien des années après, Marie, désormais âgée, reçoit son petit frère dans sa maison de Long Island. Celui-ci vient accompagné de sa petite fille quadragénaire, Rona, en pleine déroute amoureuse et professionnelle…
Le Nouveau monde… Marie n’aurait jamais osé en rêver ! Puis, elle est tombée amoureuse, et était parfaitement heureuse à l’idée de rester en Allemagne. Aussi, quand elle débarque à New York, la jeune fille porte en elle une immense tristesse. La voilà séparée d’Arthur, dont elle est secrètement fiancée, et loin de tout ce qu’elle a connu ! Accueillie par ses deux grands frères, qui tiennent un coffee-shop, et flirtent doucement avec la prohibition, Marie va devoir s’adapter à une nouvelle vie citadine, à l’immensité de Manhattan, ainsi qu’à de nouvelles moeurs ! Il est fascinant de la suivre dans ses nouvelles aventures, et dans l’essor du coffee-shop familial, à qui elle va donner un second souffle, grâce à ce fameux cheesecake dont sa tante Frieda lui a légué la recette, à la condition qu’elle ne la révèle qu’à une femme de sa famille.
Cette femme de sa famille, vous l’aurez compris, n’est autre que Rona, la petite fille de son frère. La rencontre entre les deux femmes, quelques soixante-dix ans avant l’arrivée de Marie à New York, est des plus touchantes : on prend tout aussi plaisir à suivre Marie dans ses aventures new-yorkaises que Rona lorsqu’elle retourne en Frise orientale, armée de la précieuse recette.
La Pâtissière de Long Island est un roman résolument optimiste, construit sur un jeu de contrastes. Rona et Marie changent chacune de vie. Rona quitte sa vie de citadine pour la vie en province, quand Marie, autrefois, a fait le chemin inverse. Quel bouleversement pour la jeune Marie ! Son quotidien américain lui donne suffisamment de recul pour lui permettre d’appréhender l’évolution de l’Allemagne des années 30 avec un oeil critique. En effet, l’Allemagne qui se dessine dans les lettres qu’elle reçoit d’Arthur fait froid dans le dos : Hitler arrive en effet au pouvoir à peine deux mois après son arrivée à New York… L’aspect historique du roman est traité avec justesse et montre très bien l’évolution des mentalités au fil des années 30…
Bien sûr, La Pâtissière de Long Island est aussi un roman résolument gourmand : symbole de convivialité et d’apaisement, le cheesecake de Marie se pare d’une aura presque magique. Il a le pouvoir de réconcilier les gens, de leur apporter du bonheur ! Partout où il est servi, il suscite un engouement sans précédent ! Pendant votre lecture, vous aurez une vie permanente de cheesecake… malheureusement, même dans les meilleures pâtisseries, il sera probablement loin d’être aussi magique que celui dépeint dans le roman de Sylvia Lott !
On quitte ce roman très nostalgique, avec une folle envie de sucreries.
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