ROMAN ADO — Les éditions Hugo & Cie, qui ont connu un succès incroyable avec la parution d’After, d’Anna Todd, ont lancé en juillet 2015 leur collection de romans young-adult, appelée “New Way”. Sans lien direct avec leurs collections “New adult”, ce choix de romans ambitionne de proposer aux lecteurs des textes décloisonnés et qui peuvent aussi bien plaire aux jeunes lecteurs qu’aux lecteurs un peu plus âgés. Les textes ont tout de même un point commun : ils s’articulent autour de passages à l’âge adulte hors du commun et évoquent des thèmes au cœur des préoccupations des jeunes – dépression, réflexion sur la vie et la mort, amour, amitié, téléréalité et bien d’autres encore – dans l’idée de faire réfléchir les lecteurs à ces sujets d’actualité qui les touchent. Liz Kessler avec Comme un livre ouvert, s’inscrivait donc parfaitement dans cette ligne éditoriale.
Ashleigh Walker est loin d’être une bonne élève : aux études studieuses elle préfère les 400 coups perpétrés avec sa meilleure amie, Cat. D’ailleurs, Ashleigh est amoureuse, ce qui la dispense de penser à ses mauvais résultats scolaires, ou au mariage de ses parents qui s’effondre avec fracas sur lui-même. Pourtant, il y a bien quelque chose qui perturbe Ashleigh. Pourquoi les papillons dans le ventre ne sont-ils pas dus à Dylan, son petit ami, mais plutôt à … Mlle Murray, sa jeune prof de littérature ?
Le récit nous plonge instantanément dans la tête d’Ash, qui a mille choses à penser – et plutôt désagréables. La jeune fille fuit un quotidien plutôt sombre, gouverné par les disputes incessantes de ses parents qu’elle ne supporte plus. Or, au-dehors, tout n’est pas rose non plus. Obnubilée par son idylle avec Dylan, la voilà qui se dispute avec Cat, son indéfectible meilleure amie. Dans la foulée, elle cesse de voir le jeune homme, s’angoisse sur sa santé et se met à éprouver des sentiments plus que troubles sur lesquelles elle n’arrive pas – ou n’ose pas ? – mettre un nom.
Le récit est scindé en quatre parties aussi les interrogations d’Ash ne prennent-elles, finalement, que les deux dernières : avant cela, on assiste plutôt au quotidien d’une adolescente un peu rebelle, un peu troublée, complètement paumée. Ce qui, en soi, n’est pas désagréable, mais occasionne quelques longueurs et occulte quelque peu la recherche d’identité sexuelle d’Ash.
Celle-ci se fait tout en douceur et en subtilité : si Ash définit assez vite le trouble qui la saisit quant à son professeur, et si son entourage comprend assez vite ce qui la perturbe, il lui faut longtemps avant de comprendre ce qui lui arrive. Pourtant, la révélation n’est pas fracassante : Ash glisse plutôt doucement vers un état de conscience et d’acceptation et la révélation ne se fait pas dans la douleur. De plus, l’entourage de la jeune fille lui est plutôt dévoué et la soutient dans son questionnement. “Plutôt” car, en effet, elle va s’opposer à quelques détracteurs mais comme le sujet du roman est la quête identitaire d’Ash – et non l’acceptation de son entourage – cela reste la portion congrue.
Ainsi, Liz Kessler brasse de nombreux sujets : il est tout à la fois question de relations familiales, d’amour parental, des histoires d’amour des parents (un sujet pas si souvent abordé mais qui a néanmoins un impact important sur les enfants !), de relations profs-élèves, d’amitié, d’amour et, enfin d’homosexualité. La multitude de sujets contribue à créer une atmosphère de subtile compréhension et de doux passage à l’âge adulte, mais peut toutefois donner l’impression que les sujets sont quelques peu survolés et auraient mérité approfondissement. Néanmoins, Liz Kessler décrit avec autant de retenue que de justesse la crise existentielle d’une adolescente qui se cherche, et se trouve.
Ça a l’air sympa !