ROMAN OVNI — Attention, voilà un drôle d’OVNI, qui nous vient tout droit de République Tchèque ! Avenue Nationale se présente comme des leçons de vie que le héros assène à son fils, et au lecteur. Vandam, qui tire son nom de l’acteur avec qui il partage un goût prononcé pour la castagne et la philosophie de comptoir, a les mains noires en permanence et si cela pourrait être du sang, rassurez-vous c’est en fait de la peinture… Son quotidien ? Boire des coups avec les copains dans une taverne d’une anonyme banlieue praguoise, draguer la serveuse plus toute jeune mais vraiment chouette, et regarder encore et encore Bloodsport. Ah, et de temps en temps, Vandam apprend la vie à quelqu’un, et le message passe souvent à coups de poing. Comme ce mec qui roulait bien trop vite à proximité d’une école, et à qui Vandam a dû apprendre à lever le pied…
Porté par un style oral et lancinant qui, à l’image de Vandam, est un peu brutal, le récit de Jaroslav Rudiš déconcerte de prime abord le lecteur, qui reconstitue peu à peu la biographie de ce personnage haut en couleur. Bientôt, se dessine une histoire familiale tragique (le père malade puis défenestré, la mère qui s’est « perdue »), un parcours compliqué (entre sa participation à la Révolution de Velours et ses passages en prison) et une personnalité assez complexe. S’il est difficile au début de s’attacher à ce fan d’histoire militaire, qui ne jure que par les Romains, la castagne et Jean-Claude Van Damme, on en vient progressivement à être touché par cet homme bourru marqué par la vie, qui répète encore et toujours les mêmes choses, dans une tentative presque désespérée de transmettre son expérience et la sagesse glanée au fil des années à son fils. Vandam s’excite, interpelle, désigne tour à tour son fils, le lecteur, le reste du monde, une véritable logorrhée ! Le moins que l’on puisse dire, c’est que c’est un personnage pas comme les autres.
Avenue nationale est de ces livres qui divisent : on aime ou on déteste. Difficile de rester indifférent face à ce monologue intense, rythmé par les mêmes répliques (« Konzentration, Junge » par exemple), qui finit par en devenir hypnotique, et plutôt poétique… Faites la connaissance de Vandam, et faites-vous une opinion.
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