THRILLER FANTASTIQUE JEUNESSE — Dans le premier tome de son diptyque, sobrement intitulé Flow, Mikaël Thévenot narrait les aventures mouvementées de Josh, un jeune lycéen pas comme les autres. Et ce second tome n’est pas pour apporter plus de sérénité au jeune garçon !
Dans le premier tome, paru l’été dernier, Josh devait apprendre à composer avec le flow, cette capacité qu’il a à entendre les pensées des personnes qui se trouvent près de lui. Loin d’être une bénédiction, ce pouvoir peut avoir des conséquences fâcheuses. Sa mère, qui en était également dotée, est censée être décédée dans un accident de voiture. Or, Josh l’a vue, en chair et en os, bien vivante, durant un voyage à Boston sur les terres de son enfance. Se pourrait-il que sa mère ait, depuis sa disparition douze ans plus tôt, de gros ennuis ?
Comme dans le premier tome, c’est à un rythme effréné que l’aventure se mène : le roman est court et Josh doit agir dans l’urgence car la scène dont il a été témoin lui laisse vraiment craindre le pire pour sa mère. De plus, le roman reprend l’alternance passé (avec ce qu’il s’est déroulé, en 1999, aux États-Unis, dans l’enfance de Josh) et présent (en France ou aux États-Unis, selon les moments) : le changement temporel augmente le suspens car on se demande comment les événements des différentes époques vont s’articuler !
De plus, dans ce deuxième tome, on rencontre dans le présent des personnages dont on nous parle depuis le départ, mais dans les séquences du passé : on croise donc, successivement, le fameux professeur Leonard Cooper et le non moins fameux agent Kyle du FBI, qui se révèle aussi tenace qu’il n’en avait l’air.
Ce point est d’ailleurs particulièrement intéressant : malgré ses super-pouvoirs, Josh reste un adolescent vraiment crédible, qui n’est pas tout-puissant et qui a besoin d’aide. À ce titre, il va solliciter l’agent Kyle (désormais détective privé) et celui-ci sera loin de ne faire que de la figuration.
Mais le plus fervent soutien de Josh reste Alex, son meilleur ami et soutien indéfectible. En effet, Josh étant plus que mauvais en informatique et Alex plus que compétent, les deux ados s’avèrent parfaitement complémentaires (même si, là aussi, un peu d’aide ne sera pas de trop et se manifestera sous les traits de la charmante Helena, hackeuse de son état). Les personnages de Mikaël Thévenot sont crédibles, consistants et touchants, notamment dans leurs relations.
Comme dans le premier tome, la relation parent-enfant est au centre de l’histoire et, d’ailleurs, on voit les relations pères-fils évoluer. Alors que Josh et Cosimo étaient très proches, ils s’éloignent sous le poids des secrets ; chez Alex, qui vit également seul avec son père, c’est l’inverse : jusque-là, les relations étaient plus que conflictuelles avec son père et il semblerait qu’elles tendent à s’améliorer. Il y a donc toujours de l’espoir !
Mais ne perdons pas de vue qu’il s’agit, tout de même, d’une histoire avec des super-pouvoirs : ceux-ci rendent, évidemment, l’histoire palpitante, mais l’auteur parvient tout de même à en montrer les limites : Josh s’avère assez souvent exaspérant lorsqu’il déballe tout-à-trac la vie privée de ses interlocuteurs, perdu qu’il est dans leur flot. Lire dans les pensées, c’est pratique, mais seulement pour le lecteur – la personne lue n’étant, en général, pas du même avis. Du côté de la mère de Josh, la situation n’est guère brillante : dès la révélation de ses facultés, elle est devenue le centre d’attentions peu bienveillantes. Évidemment, on lui sert à mots couverts le refrain selon lequel un grand pouvoir implique de grandes responsabilités (et en sous-texte, un maximum de bénéfices, on s’en doute). Mais la vraie question qui se pose à la lecture du roman, c’est de savoir si la fin justifie les moyens ? Au vu de la tournure des événements, on aurait tendance à se dire que non.
De fait, Josh perçoit très vite la situation d’urgence qu’il doit gérer, ce qui le pousse à prendre des risques incroyables pour sauver sa mère – et qui apportent des rebondissements palpitants, jusqu’à une scène finale proprement cinématographique !
Finalement, la seule chose que l’on pourrait reprocher à ce roman, ce sont les bouts de dialogues en anglais, non traduits. Dès que la scène se déroule aux États-Unis (dans le passé comme dans le présent), les dialogues commencent par deux ou trois répliques intégralement en anglais et proposées sans aucune traduction. C’est d’autant plus perturbant que la narration, elle, est en français, et que les dialogues se poursuivent en français également, sans transition : cela tend à sortir le lecteur du rythme – sans parler des difficultés que cela pourra poser à un jeune lecteur pas encore tout à fait armé en anglais.
En bref, avec Flow, Mikaël Thévenot propose un diptyque prenant et efficace, aux péripéties parfois un peu faciles, mais particulièrement haletantes. Un bon roman avec des super-pouvoirs, de l’action et de bonnes réflexions : on recommande !
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