ROMAN HISTORIQUE — Nous l’avons découvert avec Le Gang des rêves, fabuleux roman historique qui nous transporte dans l’Amérique du XXe siècle. Les Enfants de Venise reprend tout ce qui faisait le sel du Gang des rêves : des jeunes héros charismatiques, une histoire d’amour contrariée, un méchant dans l’ombre, et un ancrage historique soigné. Mais adieu New York : nous voilà cette fois dans l’Italie du XVIe siècle…
À Rome, Mercurio, un orphelin, vit de vols et d’arnaques. Il s’allie parfois avec d’autres enfants des rues, parmi lesquels Benedetta et Zolfo. Un coup qui tourne mal, et voilà le trio sur la route, direction Venise. En chemin, il se lie avec un médecin juif, Isacco, et sa fille, Guiditta. Entre Mercurio et Guiditta, c’est le coup de foudre : mais les événements s’acharnent à séparer les amoureux…
Après New York et ses quartiers populaires, ce sont les ors et la misère de Venise qui se dévoilent dans ce grand roman historique : Luca Di Fulvio dresse un portrait tout en contraste de cette ville mondialement connue, où se côtoient princes et mendiants, palais de marbre et taudis rongés par l’humidité. La vie dans cette célèbre cité n’a rien de simple en pleine Renaissance : rongée par le crime, la maladie, l’insalubrité, Venise peut être un piège mortel pour ceux qu’elle attire dans ses filets…
Épidémies, guerres, Inquisition, antisémitisme… Luca Di Fulvio nous livre un panorama sans concession de ce siècle difficile et intense, dans lequel il faut vivre vite, à défaut de vivre vieux. Nos héros ne sont que des adolescents, mais la vie les force à grandir subitement : Mercurio apprend à se tourner vers l’avenir, à l’envisager enfin de manière honnête, et Giuditta découvre la haine que suscite injustement sa religion… Malheureusement pour eux, nos deux amants s’attirent l’inimitié d’individus qui ont toutes les cartes en main pour leur nuire. On aurait pu redouter une intrigue trop manichéenne, où les gentils sont angéliques, et les méchants diaboliques : heureusement, Luca Di Fulvio évite cette erreur. Mercurio et Isacco sont ainsi des escrocs, et même leurs ennemis sont parfois capables de repentir… Leurs motifs, en tout, sont totalement crédibles.
Même la romance l’est, malgré l’immédiateté des sentiments que se portent Mercurio et Giuditta. Nos jeunes héros sont terriblement charismatiques. Comment ne pas s’attacher à ce garçon sans racines, qui ne rêve que d’être libre, et à cette jeune fille ambitieuse, qui parvient à contourner habilement l’une des obligations les plus visibles que la ville impose alors aux Juifs ? Après tout, Giuditta arrive à faire de cet horrible bonnet jaune qu’on les contraint à porter un accessoire de mode que chacun leur envie…
Voilà donc une nouvelle preuve du talent de conteur de Luca Di Fulvio : qu’il nous entraîne à New York, ou à Venise, au XXe siècle ou en pleine Renaissance, l’enchantement est toujours le même. On suit ses personnages avec passion, et on s’immerge dans un récit face auquel le quotidien s’efface totalement.
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