CINÉMA — Les histoires de braquage ont la cote – et ce ne sont pas les succès respectifs de la récente série La Casa de Papel ou de la (moins récente) franchise Ocean’s qui diront le contraire. Quoi de plus logique, donc, que de voir sortir un nouvel opus de cette dernière, reprenant la recette des intrigues consacrées au lucratif business de Danny Ocean ?
Mais point de George Clooney, cette fois – si ce n’est dans une photo encadrée, sur un bureau. Et point d’équipe shootée à la testostérone. Place, cette fois, à une équipe 100% féminine, menée par Debbie Ocean… la sœur cadette de Danny, qui, famille oblige, a le braquage dans le sang.
Cinq ans, huit mois et douze jours : c’est le temps (d’incarcération) qu’il aura fallu à Debbie (interprétée par Sandra Bullock) pour fomenter son plan infaillible. Tout ce qu’il lui manque, à sa sortie de prison, c’est une équipe de choc, qu’elle monte en moins de temps qu’il n’en faut pour y penser.
Au programme ? Braquer discrètement le Gala du Met et subtiliser au nez et à la barbe des invités le Toussaint, une fabuleuse rivière de diamants de Cartier, valant la bagatelle de 150 millions de dollars (et qui n’existe plus, inutile de rêver, vous aussi, que vous faites main basse dessus). Le plan est d’une simplicité confondante : le collier, porté par l’actrice Daphne Kluger (interprétée par Anne Hathaway), sera discrètement subtilisé au cours du repas de gala. En coulisses : Lou Miller (Cate Blanchett) en cuisine, Amita (Mindy Kaling) en responsable bijouterie, Constance (Awkwafina) en pickpocket, Tammy (Sarah Paulson) à l’organisation, Nine Ball (Rihanna) en responsable informatique et sûreté numérique et Rose Weil (Helena Bonham Carter), styliste préposée à la sortie du bijou de son coffre-fort ultra-sécurisé.
Gala du Met oblige, décors et costumes sont placés sous le signe du chic et choc. Attendez-vous donc à voir passer nombre de têtes d’affiches, que ce soit dans les invités de la réception ou dans les tenues portées : c’est glamour, plein de paillettes et sur grand écran, on voit bien mieux qu’à la Fashion Week.
Si le film est un peu lent à démarrer, on retrouve assez vite la dynamique qui a fait le succès de la franchise-mère : le plan est si minutieux qu’il confine au machiavélisme – et ce d’autant qu’il se fait sur fond de vengeance. Évidemment, tout ne se déroule pas comme sur des roulettes ; si le suspens n’est pas follement présent, le récit est malgré tout dynamique et fort efficace, rythmé par l’humour et les (petites) incertitudes liées au plan lui-même : l’équipe parviendra-t-elle à mener à bien les nombreux préparatifs nécessaires à la réussite du plan ? Se déroulera-t-il sans anicroches ? Réussiront-elles à déjouer la sécurité du Met, des deux gardes du corps hautement compétents assignés à la surveillance du collier, mais aussi l’attention de Daphne Kluger, au cou de laquelle il sera suspendu ?
Comme toujours, l’intrigue repose sur un braquage aussi élégant qu’imparable et qui, sans grande surprise, réussit haut la main. Et c’est d’ailleurs un peu là que le bât blesse : alors que le casting est impeccable et que l’on quitte enfin l’univers exclusivement masculin des premiers films, ce nouvel opus se contente de reprendre une recette qui fonctionne. Oui, c’est beau, bien mené, entraînant et prenant juste comme il faut. Mais lorsqu’on a vu les trois premiers, difficile d’être surpris, que ce soit par le déroulement du récit ou par les rebondissements de dernière minute… Et c’est un peu dommage.
Heureusement, on l’a dit, la franchise est bien rodée. Comme de juste, le film est donc drôle, divertissant et porté par une très alléchante brochette d’actrices, qui maîtrisent parfaitement leur job et leur registre. On regrettera seulement que l’intrigue n’ait pas plus exploité leurs talents respectifs.
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