Dry : jusqu’à la dernière goutte !

Dry, Jarrod et Neal Susterman

ANTICIPATION — Neal Shusterman délaisse son format de séries pour un one-shot post-apocalyptique écrit à 4 mains avec son fils Jarrod. Et le résultat est pour le moins unique et original : c’est une sacrée claque qui vous fera regarder différemment votre robinet d’eau courante !

La Californie connaît une sécheresse sans précédent et la liste des interdits ne cesse de s’allonger : ne plus arroser la pelouse, ne pas remplir sa piscine, limiter les douches, … Jusqu’au jour où les robinets se tarissent, purement et simplement ! Imaginez, un état entier privé d’eau potable. Du jour au lendemain, l’homme devient un loup pour l’homme et ce qui était une paisible banlieue commence à ressembler à une zone de guerre. Les gens sont prêts à tout pour une bouteille d’eau et la situation dégénère très très vite. C’est dans cette situation tendue que le lecteur fait la connaissance d’Alyssa et de son petit frère Garrett, dont les parents disparaissent en essayant d’aller chercher de l’eau pour leur famille. Livrés à eux-même, menacés par les autres et par le manque d’eau, ils vont devoir prendre des décisions impossibles. Avec l’aide de Kelton, leur voisin survivaliste (et donc préparé !), ils vont se mettre à la recherche de leurs parents.

Dry, Jarrod et Neal Susterman

Ils sont loin d’imaginer que ce n’est là que le début de leur calvaire, tant les média se veulent (dans un premier temps), rassurants : des machines de désalinisation existent, certains états voisins pourraient fournir de l’eau, l’armée devrait établir un cordon humanitaire. Mais rapidement, la désorganisation s’installe et la panique règne à tous les niveaux. Ce que l’on ne peine nullement à croire tant ce manque est tangible dans le récit.
Les deux auteurs se sont vraiment attachés à décrire les affres dans lesquels sont plongés les personnages : affectifs, évidemment, puisque certains sont séparés de leurs parents, mais surtout physiques. Aux dévastatrices sensations de chaleur et de soif s’ajoutent rapidement les pires effets de la déshydratation, dont on peut suivre la progression – rapide – au fil des chapitres. En ligne de mire : la mort, tout simplement, puisque l’eau a complètement cessé de couler dans l’état, dans lequel ils se retrouvent bloqués.
Or, tout cela devient particulièrement terrifiant lorsque l’on fait le lien avec le changement climatique en cours. Difficile d’oublier que tout cela peut nous pendre au nez dès demain…

Évidemment, cette épée de Damoclès rend le récit très prenant, tout comme le découpage. L’intrigue s’organise en courts chapitres, alternant les voix des différents personnages. À ce stade, il convient peut-être de préciser que Jarrod est scénariste… et on sent la patte cinématographique dans le récit !
Chacun des personnages permet, à sa manière, de soulever des problématiques et des questions éthiques bien particulières : car, dans la pagaille, les caractères se révèlent. Ceux que l’on pensait doux comme des agneaux cachaient en fait des lions et ceux qui semblaient afficher la meilleure force morale doivent parfois apprendre à être moins empathiques et plus égoïstes pour leur survie. Le récit soulève ainsi d’intéressantes questions, avec beaucoup de nuances : il y a des personnages bienveillants prêts à aider leur prochain, de dangereux rapaces qui ne vivent que pour le chaos et, entre les deux, une immense palette de nuances de la nature humaine. On en tire tout de même la morale qu’en cas de catastrophe, cela finit en chacun pour sa peau, et il vaut mieux ne rien attendre des autres. Certaines scènes sont d’ailleurs assez difficiles, mais servent à merveille l’ambiance du roman !

Belle réussite, donc, que ce roman à quatre mains. Jarrod et Neal Shusterman nous embarquent sur les routes craquelées de la Californie, à la recherche de la moindre goutte d’eau. Là où le récit fait mouche, c’est qu’il est affreusement réaliste… difficile de le lire sans penser à sa propre consommation d’eau et au désastre que sont les sécheresses. Le film en préparation saura sans aucun doute porter un peu plus haut et un peu plus fort ce message, et, espérons-le, sensibiliser encore un peu plus le public à cette problématique toujours plus actuelle !

Dry, Jarrod et Neal Susterman. R. Laffont ( R), novembre 2018. Traduit de l’anglais par Cécile Ardilly.

Par Coralie et Oihana.

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