On a regardé Lucifer sur Netflix. Verdict !

Lucifer série

SÉRIE — Lorsqu’une série s’arrête, nombreux sont en général les fans à protester. Ils s’énervent sur Facebook, créent des hashtags, lancent parfois des pétitions… mais ils sont rarement entendus. Lorsque la nouvelle de l’annulation de la série Lucifer après 3 saisons s’est fait connaître, les plaintes habituelles se sont faites entendre. Mais pour une fois, les « lucifans » ont été écoutés, et le géant Netflix a pris la série dans son giron, promettant deux nouvelles saisons. La saison 4 a été ainsi mise en ligne il y a quelques mois. Curieux de découvrir cette série qui avait été sauvée par ses fans, là où tant d’autres ont été condamnées, nous en avons lancé le visionnage.

Au centre de l’intrigue, Lucifer descendu sur Terre. Incarné par le séduisant Tom Ellis, le diable s’installe dans la ville des anges, alias Los Angeles (Las Vegas, en tant que ville du vice, aurait pu être un choix intéressant, là où Los Angeles reste tristement logique, voire convenu), où il ouvre un club de nuit (quoi de plus logique, après tout). Après avoir passé cinq ans à s’étourdir de plaisirs charnels, d’alcool et de drogues en tout genre, Lucifer rencontre le détective Decker, charmante blonde autrefois actrice et devient, contre toute attente, un « civil consultant« , un flic non-officiel en gros qui se permet tout et suit Decker comme un petit toutou en costume trois pièces. Son approche non conventionnelle, affreusement sans-gêne et l’usage de son pouvoir qui pousse tout le monde (sauf Decker, ça serait trop facile) à lui répondre sans résister en font un atout de poids pour le LAPD.

Le charme du diable…

Toute la série repose donc sur les épaules de notre diable : sans le charisme de Tom Ellis, et le côté joyeusement tapageur du personnage, inutile de préciser que la série s’écroulerait comme un château de cartes. Déjà, on se demande parfois comment cela se fait qu’elle fonctionne, tant les facilités de scénario sont grosses et les raccourcis faciles… Et pourtant, ça fonctionne. On regarde les épisodes sans déplaisir. Mais pourquoi, au fond ?

Franchement, qui arriverait à croire que le diable, tout juste débarqué de l’enfer, puisse avoir envie de frayer avec les humains, et même, d’enquêter sur leurs décès ? C’est à peu près aussi vraisemblable qu’Edward Cullen, vampire de 107 ans, s’obstinant à fréquenter le lycée. N’a-t-il pas mieux à faire ? Non, visiblement, car l’impensable se produit : le diable tombe amoureux. C’est clair comme de l’eau de roche dès le début : il tombe sous le charme du détective dès les premiers épisodes. Si au début, il joue avec elle, et cherche à la séduire, il devient évident dès la première saison que derrière sa lubricité se cachent bientôt de vrais sentiments. Et puis, avouons-le : il aime bien punir les méchants. La série s’interroge notamment très régulièrement sur le rôle de punisseur de Lucifer : est-il accepté par le personnage ? est-il bon pour cette mission bien ingrate ? Lucifer rejette pourtant violemment toute idée d’un retour à l’enfer, et à son rôle emblématique de punisseur suprême. Il blâme son père pour ce rôle détesté, qui le fait craindre depuis la nuit des temps par une humanité haineuse. Avant d’y retourner, inlassablement, au fil des enquêtes de Chloe Decker…

La série s’essaie donc à un minimum de questionnement théologiques, qui restent globalement très superficiels. Quelques anges sont bientôt de la partie (dont Amenadiel, un coup antagoniste principal, un coup allié), jusqu’à l’entrée en scène de la mère de Lucifer, déesse de toute la création (WTF ?!). Lucifer est joyeusement anti-clérical, mais fait en revanche de nombreuses allusions à la Bible. Cependant, il fait tout autant de références à l’image du diable dans la pop-culture (évoquant Rosemary’s Baby par exemple) et moult jeux de mots sur l’enfer, le diable et le mal… C’est parfois drôle, parfois spirituel, et ça participe clairement au charme dégagé par le personnage, à cette auto-dérision bienvenue. Personne ne croit vraiment que Lucifer puisse être le diable, même s’il le clame haut et fort, et ça entraîne des situations plutôt comiques. Même sa psy (oui, il a une psy !) pense qu’il s’agit d’une métaphore… Mais pour revenir à la théologie : la série ne creuse rien vraiment, et emprunte de ci, de là ce qui arrange les scénaristes. On n’a même pas envie de parler de blasphème tant c’est gentillet.

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Une fausse série policière ?

Quant aux enquêtes, elles ne cassent pas trois pattes à un canard, comme on dit. Elles servent plus d’arrière-plan au charme de Lucifer et de prétexte au couple Lucifer/Decker qu’autre chose… Souvent, la résolution est facile, les ellipses bien pratiques et les réactions des méchants, pas toujours crédibles. Si vous cherchez une série policière, peut-être vaut-il mieux passer votre chemin… D’ailleurs, les personnages les plus marquants ne sont pas les flics, mais tous les autres comme Linda ou Amenadiel… Entre Dan, l’ex de Decker et policier de son état et Maze, le démon qui accompagne partout Lucifer, on retiendra plus l’irrévérencieuse Mazikeen que le gentil mais fade « Detective Douche« . Decker tire un peu son épingle du jeu, malgré son visage peu expressif : en tant que femme qui essaie de se démarquer dans un univers très machiste (la police) et élever sa fille de 8 ans dans le cadre d’un divorce, elle s’en sort plutôt bien. Son passé d’actrice un peu sulfureux servait bien l’intrigue lors des deux, trois premiers épisodes, puis passe vite au second plan dans l’intérêt que lui porte Lucifer. Après des millénaires de cynisme et de sexe débridé, celui-ci serait-il… tombé amoureux ? Sans surprise, oui.

Sans surprise : c’est ainsi que l’on pourrait qualifier la série, qui se laisse pourtant regarder sans passion, mais sans ennui. Seul le personnage éponyme arrive à maintenir la cohérence du scénario, et l’intérêt du spectateur…

Une précision avant de vous quitter (d’où les quelques citations en anglais dans cet article) : Lucifer fait partie de ces séries qu’il faut absolument regarder en VO. La VF nuit totalement au charme de Tom Ellis, dont l’accent britannique sied finalement étonnamment bien au personnage du prince des enfers…

A propos Emily Costecalde 1154 Articles
Emily est tombée dans le chaudron de la littérature quand elle était toute petite. Travaillant actuellement dans le monde du livre, elle est tout particulièrement férue de littérature américaine.

1 Commentaire

  1. J’en ai regardé deux saisons et je me suis lassée : tous les défauts que tu soulignes dans ton avis (convenu, enquête superficielle, pas de surprise) ont eu le dessus sur le charme de l’acteur (qui ne m’a pas convaincu) et sur l’humour assez répétitif.
    Je suis même surprise de voir que ça marche toujours 😀

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