MYTHOLOGIE — « Circé ? C’est la meuf qui transforme les mecs en cochons ? » Oui, c’est à peu près ce que le nom de cette nymphe issue de la mythologie grecque évoquera autour de vous si on vous voit lire le roman de Madeline Miller qui lui est consacré. Mais Circé, en réalité, est bien plus qu’une sorcière qu’on voit brièvement dans l’histoire d’Ulysse. Elle a en réalité une incidence plus grande, et une psychologie très intéressante, qui sont étudiées dans le roman éponyme de Madeline Miller.
Qui était Circé ? Quelle a été sa vie ? Qui étaient ses parents, comment fut son enfance ? Ce sont les réponses que nous apporte ce livre, paru en poche chez Pocket. Les férus de mythologie y trouveront bien sûr leur compte, car on croise des grands noms des légendes grecques : Hermès, Athéna, Ulysse et Pénélope, Dédale et Icare, le Minotaure, Jason et Médée… Bref, que du beau monde ! Et d’autres, peut-être bien moins connus du grand public, comme la parentèle proche de Circé. Ses parents, égoïstes et amoureux d’eux-mêmes, sa soeur, véritable garce, ses frères, inconstants et traîtres. Le roman donne visage humain à toute une galerie de personnages jusque là gravés dans le marbre d’une mythologie un peu figée. Dédale, par exemple. De lui, le grand public sait juste qu’il a construit le labyrinthe qui sert de prison au terrible Minotaure. Mais Madeline Miller en montre diverses facettes : l’inventeur, bien sûr, mais aussi le père ou l’amant. Édifiant.
Circé est bien sûr celle qui tire son épingle du jeu : nous avons directement accès à ses pensées, à ses doutes, à ses craintes. Nous la découvrons fille, puis exilée, amante, mère. Trouvera-t-elle la paix, rejetée par sa famille sur une île isolée ? J’étais curieuse de voir comment Madeline Miller allait meubler ce long exil : après tout, une vie de recluse sur une île avec des loups, des lions et des cochons n’a rien de bien palpitant. Et pourtant, elle y arrive !
Une lecture intéressante donc, pour ceux qui s’intéressent à ma mythologie, mais pas que. Car c’est aussi un beau portrait de femme, et une réflexion intéressante sur l’immortalité, sur les relations entre dieux et humains. À glisser sous le sapin, peut-être ?
J’ai adoré, un coup de coeur.