Witch Light, un voyage initiatique dans l’Ecosse du XVIIème siècle

ROMAN — On peut rencontrer un livre comme on rencontre une personne, par hasard ou par choix, au détour d’une étagère ou par le bouche à oreille. La rencontre peut être riche en émotions, belle ou, au contraire, décevante.

Il est des livres qui se vivent plus qu’ils ne se lisent. Certains écrits renferment tant de vie qu’ils s’animent sous vos yeux et vous emportent tout entier. Quand vous rencontrez un, il faut l’ouvrir avec précaution, sous peine de ne plus pouvoir le quitter. La lecture peut parfois en être exigeante mais il faut prendre le temps de s’y consacrer entièrement afin de ne pas passer à côté de son essence car il s’adresse à votre âme. Il lui murmure entre les mots des images qui s’ancrent en vous profondément pour ne plus vous quitter. Parfois ces ouvrages vous obsèdent et deviennent le matériau de vos rêves. Ils peuvent aussi vous laisser un arrière goût doux amer, un soupçon de regret ou le léger parfum nostalgique d’un lendemain de pluie.

Witch Light est l’un d’eux. Plus qu’un livre, c’est un voyage au cœur de l’Ecosse du XVIIème siècle, dans toute sa splendeur et sa cruauté. Le roman est basé sur un événement historique, le massacre de Glencoe, où les soldats anglais tuèrent un clan écossais qui les avait hébergés. Mais c’est avant tout l’histoire de Corrag, une jeune fille sauvage, témoin du massacre, arrêtée pour sorcellerie et qui attend dans un cachot de mourir sur le bucher. C’est là qu’un révérend irlandais vient la trouver pour qu’elle lui raconte le massacre dont elle a été témoin. Elle lui contera bien plus que cela, lui confiant sa vie comme une offrande, afin de ne pas tomber dans l’oubli une fois son heure venue.

Witch Light, Susan Fletcher

L’écriture de Susan Fletcher à quelque chose de poétique et de planant, comme une incantation qui vous ensorcèle. Les personnages sont intelligemment construits, l’intrigue est menée de main de maître à coup de suspens, de péripéties et de sentiments. Mais, ce qui fait la force de ce livre, ce n’est pas seulement la beauté de son écriture, ce sont ses descriptions imagées et détaillées qui donnent vie aux paysages tourmentés des Highlands, faisant de Witch Light une œuvre digne des peintres romantiques. C’est la présence mystérieuse et sauvage de son héroïne, une femme dont les connaissances d’herboriste et de guérisseuse lui valent le nom de sorcière. Nous partageons sa vie en communion avec la nature, découvrons Glencoe à travers ses yeux qui deviennent les nôtres le temps d’un récit.

Witch Light est une oeuvre initiatique, quasi mystique, qui nous prend aux tripes et nous remue tout entier. Si sa lecture peut sembler difficile de premier abord, elle vaut largement l’investissement et ne vous laissera pas inchangé. Ce roman, une fois lu, ne s’oublie pas, il vous habite, laissant derrière lui un léger frémissement, une vague odeur de bruyère et l’envie irrésistible de prendre le premier train pour l’Ecosse.

En conclusion, c’est un livre un peu à part, une pépite à ne pas manquer. Si vous le pouvez, lisez-­le dans sa version originale, pour ne rien perdre de la beauté de l’écriture de Susan Fletcher et de l’ambiance magique qu’elle lui confère. Sinon, il est traduit sous le titre Un bûcher sous la neige aux éditions Plon (2010) ou en poche chez J’ai Lu (2013).

Witch Light, Susan Fletcher. Éditions Fourth Estate, 2011.

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