THRILLER — Karin Slaughter est une autrice américaine de polars et de thrillers, habituée du rayon best-seller. Son roman Son vrai visage, dont on parle aujourd’hui, est d’ailleurs en cours d’adaptation par Netflix (aucune date n’a toutefois été annoncée pour l’instant).
Laura est une discrète orthophoniste, appréciée de sa patientèle. Ses relations familiales sont plus compliquées : sa fille de 31 ans cumule, à ses yeux, les échecs en tous genres. Décidée à crever les abcès, Laura invite donc Andy au restaurant pour célébrer son anniversaire et en profiter pour avoir une vraie discussion mère-fille. Or, le déjeuner tourne au drame. Car un jeune homme armé fait irruption dans le restaurant et commence à massacrer les convives. Loin de se démonter, Laura l’abat d’un seul coup de couteau. Sans hésiter une seconde, le visage parfaitement neutre.
Le doute s’immisce dès lors dans l’esprit d’Andy : sa mère n’est-elle vraiment qu’une discrète orthophoniste ? Peut-on être orthophoniste et aussi agile qu’un ninja ? C’est d’autant plus déroutant que l’attentat du restaurant a déclenché une cascade d’événements, et notamment une effraction du domicile familial. Mais qui leur en veut donc et pourquoi sa mère l’oblige-t-elle à fuir ?
Karin Slaughter ouvre son roman sur les chapeaux de roue ou presque : on a à peine le temps de faire la connaissance du duo mère-fille que représentent Laura et Andrea (dite Andy), que la situation dégénère dans le restaurant où elles se trouvent. Or, tout va de mal en pis. Car les policiers, l’opinion, tout le monde semble penser que la coupable dans l’histoire, est Laura, et non le jeune homme qui a opéré un massacre dans le restaurant, et ce en raison de la maîtrise et du flegme avec lesquels elle a fait cesser la tuerie.
Le début du roman plonge donc volontairement les lecteurs dans la confusion, qui se retrouvent au même niveau d’informations (quasi nul) qu’Andrea, laquelle est jetée sur les routes, au volant d’une voiture volée, avec ordre de sa mère de se cacher. Son road-trip est donc l’occasion pour elle d’enquêter sur le passé de cette mère qu’elle semble redécouvrir.
Mais après cette entrée en matière prometteuse, l’autrice nous plonge brutalement 30 ans en arrière, auprès de personnages radicalement différents, bien décidés à faire bouger les lignes de la finance mondiale, peu importe la méthode employée. Le revirement est très soudain et n’apporte aucune information sur l’intrigue que l’on suivait jusque-là, ce qui ajoute à la sensation de confusion du début. Celle-ci est parfaite au départ mais, au fil des pages, s’avère nuisible au suspense. En effet, les chapitres, extrêmement longs, n’aident pas vraiment le rythme à redécoller, non plus que le flou artistique qui règne sur l’intrigue.
Celle-ci souffre, de ce fait, de nombreuses longueurs, et devient de moins en moins prenante au fil des pages. On se doute évidemment des liens existants entre passé et présent, mais sans réelle possibilité de tirer des conclusions : le récit des événements utiles à la compréhension est assez long et, de son côté, Andrea patauge autant que le lecteur. Malgré quelques scènes d’action et des retournements de situation un peu plus dynamiques vers la fin, le rythme assez lent induit par l’alternance des époques prédomine jusqu’à la fin.
Son vrai visage surfe donc sur plusieurs thème chers aux thrillers : secrets de famille, répercussions du passé sur le présent, relations familiales houleuses, avec un soupçon d’histoire nationale et de faits divers en toile de fond. Malheureusement, l’alternance entre les deux époques, comme les révélations amenées au compte-goutte, nuisent au suspense et induisent de nombreuses longueurs dans le récit. Cette construction sera peut-être plus adaptée à la série en préparation !
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