SÉLECTION — La rentrée littéraire, c’est dans un petit mois ! Nous avons déjà écume les sites des éditeurs, les programmes et les sites marchands afin de savoir quelles petites pépites arrivent à cette occasion sur les tables des libraires. Voici notre sélection !
La Danse de l’eau, Ta-Nehisi Coates (Fayard, 18/08)
Le jeune Hiram Walker est né dans les fers. Le jour où sa mère a été vendue, Hiram s’est vu voler les souvenirs qu’il avait d’elle. Tout ce qui lui est resté, c’est un pouvoir mystérieux que sa mère lui a laissé en héritage.
Des années plus tard, quand Hiram manque se noyer dans une rivière, c’est ce même pouvoir qui lui sauve la vie. Après avoir frôlé la mort, il décide de s’enfuir de chez lui, loin du seul monde qu’il ait jamais connu.
Ainsi débute un périple plein de surprises, qui va entraîner Hiram depuis la splendeur décadente des fières plantations de Virginie jusqu’aux bastions d’une guérilla acharnée au cœur des grands espaces américains, du cercueil esclavagiste du Sud profond aux mouvements dangereusement idéalistes du Nord. Alors même qu’il s’enrôle dans la guerre clandestine qui oppose les maîtres aux esclaves, Hiram demeure plus que jamais déterminé à sauver la famille qu’il a laissée derrière lui.
Dans son premier roman, Ta-Nehisi Coates livre un récit profondément habité, plein de fougue et d’exaltation, qui rend leur humanité à tous ces individus dont l’existence fut confisquée, leurs familles brisées, et qui trouvèrent le courage de se soulever au nom de la liberté.
Des milliers de lune, Sebastian Barry (Joelle Losfeld, 19/08)
Après la guerre de Sécession, Winona, orpheline indienne, grandit dans une ferme du Tennessee auprès de John Cole, son père adoptif, de son compagnon d’armes Thomas McNulty et de deux esclaves affranchis. La jeune fille est violemment attaquée par des inconnus et décide de se venger. Cette quête de justice la conduit sur les traces de son passé et à la découverte d’elle-même.
L’Aube américaine, Émilie PAPATHEODOROU (Albin Michel, 19/08)
De ses yeux orange, l’aube nous chassait sans ménagement Dans un New York à la saveur méditerranéenne, une très vieille dame et sa petite-fille se livrent une tendre lutte. Si la mémoire de Giagia – « grand-mère » en grec – s’effiloche, Theo redouble de malice pour réveiller ce trésor familial endormi. Et tandis que la jeune femme parcourt les rues de la ville au volant de son taxi, amoureuse d’un homme qui a troqué ses souvenirs contre l’ivresse, c’est toute une mythologie qui défile : Ellis Island et ses hordes d’arrivants, la lointaine Thessalonique d’où Giagia a débarqué un jour de 1954, Coney Island, légendaire repère des déracinés, ou encore Astoria, le quartier grec du Queens. Au fil d’une odyssée drôle et poétique, Emilie Papatheodorou esquisse dans ce premier roman insolite les trajectoires fragiles d’un singulier trio aux prises avec le passé, le présent et « la promesse de l’aube ».
Lorsque le dernier arbre, Michael CHRISTIE (Albin Michel, 19/08)
« Le temps ne va pas dans une direction donnée. Il s’accumule, c’est tout – dans le corps, dans le monde –, comme le bois. Couche après couche. Claire, puis sombre. Chacune reposant sur la précédente, impossible sans celle d’avant. Chaque triomphe, chaque désastre inscrit pour toujours dans sa structure. » En un siècle, entre 1930 et 2038, Michael Christie bâtit, à la manière d’un architecte, la généalogie d’une famille au destin assombri par les secrets et intimement lié à celui des forêts. 2038. Les vagues épidémiques du Grand Dépérissement ont décimé tous les arbres et transformé la planète en un désert de poussière. L’un des derniers refuges est une île boisée au large de la Colombie-Britannique, qui accueille des touristes fortunés venus admirer l’ultime forêt primaire. Jacinda y travaille comme guide, sans véritable espoir d’un avenir meilleur. Jusqu’au jour où un ami lui apprend qu’elle serait la descendante de Harris Greenwood, un magnat du bois à la réputation sulfureuse. Commence alors un récit foisonnant et protéiforme dont les ramifications insoupçonnées font écho aux événements, aux drames et aux bouleversements qui ont façonné notre monde. Que nous restera-t-il lorsque le dernier arbre aura été abattu ? Fresque familiale, roman social et écologique, ce livre aussi impressionnant qu’original fait de son auteur l’un des écrivains canadiens les plus talentueux de sa génération.
Nous vivions dans un pays d’été, Lydia Millet (Les escales, 26/08)
Un roman puissant sur l’aliénation adolescente et la complaisance des adultes dans un monde en mutation.
Une grande maison de vacances au bord d’un lac. Cet été-là, cette maison est le domaine de douze adolescents à la maturité étonnante et de leurs parents qui passent leurs journées dans une torpeur où se mêlent alcool, drogue et sexe.
Lorsqu’une tempête s’abat sur la région et que le pays plonge dans le chaos, les enfants – dont Eve, la narratrice – décident de prendre les choses en main. Ils quittent la maison, emmenant les plus jeunes et laissant derrière eux ces parents apathiques qu’ils méprisent et dont l’inaction les exaspère autant qu’elle les effraie.
Mamba Point Blues, Christophe Naigeon (Presses de la cité, 26/08)
Des tranchées d’Argonne à Monrovia en passant par Dakar, New York et Paris, une fresque romanesque puissante qui court d’une guerre mondiale à l’autre, rythmée par les accents vibrants du jazz.
1918. Percussionniste virtuose à l’école des djembés de Gorée, Jules, interprète du régiment de Noirs américains sur le front de cette France ravagée qu’il ne connaît qu’à travers Maupassant, vit à l’aube de l’armistice un amour éphémère avec l’épouse d’une » gueule cassée « . Ce souvenir indélébile l’accompagnera après la guerre dans son long périple à travers l’Amérique bouillonnante des Années folles, quand il rejoint le jazz-band de ses anciens compagnons de guerre, en tournée dans le Sud raciste, puis triomphe au célèbre Cotton Club de New York.
Sa vie croise celle de Joséphine Baker qui l’emmène, avec sa Revue nègre, à Paris où l’amitié qu’il scelle avec l’écrivain-espion Graham Greene les entraîne dans une périlleuse expédition en Afrique. Ils iront jusqu’à Monrovia, capitale du Liberia, sur les traces de Julius Washington, l’arrière-grand-père de Jules, premier grand reporter photographe noir américain. Alors que de nouveau une guerre s’annonce, Jules s’installe à Mamba Point, dans la maison de Julius, l’homme qui a tenté de révéler la véritable histoire de ce pays : celle de ces esclaves affranchis envoyés en Afrique pour bâtir une nation libre. Un rêve devenu cauchemar.
Aujourd’hui comme hier, Mary Beth Keane (Presses de la cité, 26/08)
Deux familles sans histoires. Un lien indéfectible. Une journée qui va tout changer.
Francis Gleeson et Brian Stanhope, jeunes recrues de la police de New York, sont aussi voisins à Gillam, petite ville de banlieue. Ce qui se passe chez eux à huit clos – la solitude de Lena, l’épouse de Francis, et l’instabilité d’Anne, la femme de Brian – prépare le terrain pour la tragédie à venir.
Nés à six mois d’intervalle, Kate et Peter, leurs enfants respectifs, tissent au fil du temps une amitié profonde, annonciatrice de l’amour qui les unira à l’âge adulte. Mais l’année de leurs 14 ans, le pire finit par se produire. Brusquement séparés l’un de l’autre, les deux adolescents doivent poursuivre leur vie dans des foyers anéantis…
Grand roman de l’Amérique contemporaine, Aujourd’hui comme hier nous parle de la fragilité du bonheur, des sacrifices nécessaires pour l’atteindre et embrasse la vie de famille dans toutes ses nuances. Une méditation intrépide sur le prix de la loyauté et le pouvoir du pardon.
Les Prophètes, Robert Jones Jr. (Grasset, 01/09)
Sur la plantation de Paul et Ruth Halifax dans le Mississippi, des centaines d’esclaves travaillent dans les champs de coton. Les sévices corporels sont quotidiens, et la misère, la règle. Seuls Isaiah et Samuel, deux jeunes esclaves, bénéficient d’un peu d’intimité, car autorisés à dormir dans la grange avec les chevaux dont ils ont la charge. Maggie, qui travaille à la cuisine pour les Halifax, veille sur eux. Comme beaucoup d’autres, elle sait que les deux hommes sont amants.
Ce fragile équilibre est mis à mal quand Amos, un autre esclave, demande à Paul Halifax de lui enseigner les Évangiles, avant de convertir petit à petit les esclaves à sa nouvelle foi. Isaiah et Samuel se retrouvent alors de plus en plus isolés. Le jour où Ruth les accuse de l’avoir provoquée, les deux sont châtiés publiquement. Sous l’autorité de Maggie, un groupe de femmes les soigne en pratiquant des rituels ancestraux, mais leur répit sera de courte durée. Car peu après, leur calvaire prend une tournure inattendue lorsque le jeune Timothy Halifax, de retour du Nord, s’intéresse à eux. Rien ni personne ne semble pouvoir arrêter la tragédie qui s’annonce.
Porté par un souffle lyrique d’une puissance rare, Les Prophètes nous offre une grande fresque historique sur l’esclavage et un grand roman d’amour. Robert Jones, Jr. a incontestablement réussi son entrée en littérature avec ce roman flamboyant et profondément personnel sur la condition noire et la sexualité ; le livre s’est immédiatement classé dans la liste des best-sellers du New York Times à sa sortie aux États-Unis.
Le Cercueil de Job, Lance Weller (Gallmeister, 02/09)
Alors que la Guerre de Sécession fait rage, Bell Hood, jeune esclave noire en fuite, espère gagner le Nord en s’orientant grâce aux étoiles. Le périple vers la liberté est dangereux, entre chasseurs d’esclaves, combattants des deux armées et autres fugitifs affamés qui croisent sa route. Jeremiah Hoke, quant à lui, participe à l’horrible bataille de Shiloh dans les rangs confédérés, plus par hasard que par conviction. Il en sort mutilé et entame un parcours d’errance, à la recherche d’une improbable rédemption pour les crimes dont il a été le témoin. Deux destinées qui se révèlent liées par un drame originel commun, emblématique d’une Amérique en tumulte.
Doté d’un souffle épique qui emporte tout sur son passage, Le Cercueil de Job est un somptueux roman qui rend justice aux plus beaux espoirs humains.
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