Les Voltigeurs de Gy : découvrir Ursula Le Guin à travers son format de prédilection

SCIENCE-FICTION — Le format “nouvelles”, en général, on aime ou on n’aime pas, mais les avis sont rarement nuancés. D’aucuns diraient que les nouvelles ont souvent des fins abruptes et ne laissent pas forcément le temps au lecteur de s’attacher aux personnages. Et pourtant, au fond de nous, on sait tous qu’elles peuvent aussi avoir bien des avantages. Alors, qui de mieux qu’Ursula K Le Guin, la maîtresse du genre, pour découvrir ce format que l’on connaît parfois mal ?

Difficile de résumer un livre qui contient 7 histoires, toutes différentes, et pourtant toutes semblables. Car chacune nous présente un des riches univers de l’autrice, tiré de son imaginaire où mille peuples habitent mille planètes et développent mille cultures. Chacun d’entre eux, malgré son exotisme ou son étrangeté, nous renvoie de fait à un aspect de notre propre monde et de notre propre fonctionnement. Par exemple, sur la planète Gy, on n’accepte que ceux qui sont incapables de s’envoler dans les cieux. Chez les Obls, on réinvente le langage avec de simples pierres, et la révolte. Et sur la base Sates, on a beau avoir échappé à une Terre détruite par la pollution, on garde la nostalgie du berceau originel…

Ce qui frappe le plus dans ces nouvelles, c’est la découverte, à chaque fois, d’un nouveau peuple, d’une nouvelle culture, d’un nouveau mode de vie. L’interview de David Meulemans (éditeur aux Forges de Vulcain et spécialiste de cette autrice) à la fin du livre nous permet de comprendre un peu mieux d’où nous vient cette impression. Fille de deux anthropologues, Ursula a toujours été fascinée par l’étude des sciences humaines et sociales, et cela se ressent dans ses écrits. Plutôt que de tout miser sur un retournement de situation, elle préfère poser une question à la base de chaque histoire, et regarder comment ses personnages se dépatouillent de cette situation.

Finalement, ce texte se déguste, à notre rythme, à la façon d’un explorateur qui découvre des mondes nouveaux. La plume de l’autrice est fluide, visuelle et entraînante. Il en résulte une lecture divertissante et intéressante, qui a su titiller notre curiosité et poser des questions intemporelles de société. Tout ce qu’on aime dans la science-fiction !

Les voltigeurs de Gy, outre sa magnifique couverture, est donc une parfaite excuse pour découvrir les écrits d’une grande dame de la littérature, qui n’a peut-être pas eu en France le succès qu’elle a pu avoir aux États-Unis. Et pourquoi pas rajouter le cycle de Terremer à notre pile à lire !

Les Voltigeurs de Gy, Ursula K. Le Guin. Traduit de l’anglais (États-Unis) par . ActuSF (Hélios), avril 2021.

Par Coralie.

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