ESPAGNE — Attention, voilà là une petite pépite d’humour espagnol (qui ressemble étrangement à l’humour anglais !) : La Gitane aux yeux bleus est une véritable parenthèse drôle et improbable qui vous fera sortir du quotidien le temps de quelques heures de lecture !
À Madrid, cinq femmes gèrent la revue culturelle Librarte sous le patronage bienveillant de Berta, vieille fille sympathique férue de littérature. Un jour, cependant tout bascule : Berta apprend que la maison-mère, située en Angleterre, leur envoie le fils du patron pour fermer la revue, jugée trop peu lue et trop peu rentable. Alors les cinq femmes de Librarte conçoivent un plan imparable. Un plan pour empêcher le jeune Atticus Craftsman de les mettre à la porte. Bien sûr, absolument rien ne se passe comme prévu…
Si vous cherchez quelque chose pour vous évader du quotidien somme toute assez morose, n’hésitez plus : La Gitane aux yeux bleus est faite pour vous ! C’est en effet un roman très drôle, de cet humour décalé et un peu corrosif qu’on prête d’ordinaire à nos voisins d’Outre-manche. Pourtant, on fait difficilement plus espagnol que ce roman qui vous entraînera dans les petites rues tarabiscotées et pleines de charme de Madrid, puis dans la pittoresque Grenade. Une partie du ressort comique de ce roman repose d’ailleurs sur la comparaison entre les moeurs espagnoles exubérantes et celles des très coincés et très anglais Craftsman (dès que la mère d’Atticus intervient, vous pouvez être assuré de vous marrer un bon coup), donc forcément le trait est un peu forcé, mais le résultat est très réussi. Entre les napperons en crochet sur la photocopieuse, la très nombreuse famille andalouse de Soleá (incroyable mémé Remedios !), le pirate Barbosa ou le flic Manchego qui baragouine très mal anglais, on rit énormément. Mamen Sánchez joue avec bonheur sur les clichés : le flic bourru pas très doué mais qui a bon coeur, le mauvais garçon à moto, la vieille fille lectrice, la mère de famille nombreuse complètement dépassée… Le tout forme une joyeuse équipée qui accumule les situations improbables et hautement romanesques pour le plus grand plaisir du lecteur !
Au-delà de la légèreté du récit, l’autrice dresse un portrait résolument attachant de ces cinq femmes prêtes à tout pour faire vivre leur revue : métaphore à peine voilée d’une presse culturelle toujours en péril, et perpétuellement soumise au bon vouloir du contrôleur de gestion. Parviendront-elles à sauver leur magazine ? Et qu’est-il arrivé à Atticus ? Vous le découvrirez en vous plongeant dans ce roman éminemment sympathique, qui vous donnera probablement envie de faire vos valises pour l’Andalousie !
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