Blackwater III : La Maison

Blackwater La Maison

HISTORICO-FANTASTIQUE — La Maison, troisième volume de la saga Blackwater, est un tome pivot : dix ans ont passé depuis le début de ce formidable feuilleton littéraire, familial et historique et le rapport de force entre les deux femmes fortes de la famille Caskey est sur le point de connaître un immense changement…

Ce tome s’ouvre en 1929 et couvre une partie des années 30 : si Perdido s’était tenue loin des folies des années 1920, la petite ville est finalement frappée par la crise financière de 1929. Michael McDowell décrit une ville sérieusement atteinte, et les questions financières sont plus importantes que jamais chez les Caskey, quand bien même leur train de vie reste très confortable. Les questions sociales, également, avec le retour de Carl, le mari voyou de Queenie, pièce rapportée chez les Caskey. Les événements autour de ce personnage montrent un changement d’atmosphère à Perdido : là où la voix des Caskey faisait autrefois figure de loi, l’autorité naturelle du clan semble s’être émoussée. Nul traitement de faveur pour la plus riche famille de la ville…

Oscar, l’héritier, essaie d’être à la hauteur de ses aïeux mais sa propre mère, Mary-Love, lui met des bâtons dans les roues. Dans ce tome, plus que jamais, Mary-Love semble être une relique d’une autre époque : l’auteur souligne lui-même qu’elle est née dans la foulée de la Guerre de Sécession, pendant une période de reconstruction douloureuse pour ces gens, ultra privilégiés et, soyons francs, ex-exclavagistes : une ère à la fois proche et lointaine à Perdido. Si Mary-Love sent peu à peu les rênes du pouvoir familial lui échapper, elle ne compte pas se laisser faire pour autant. Mais la matriarche calculatrice, aux manipulations toujours couronnées de succès, fait peu à peu place à une vieille femme pataude, qui a réussi à faire fuir ses deux enfants et dont les machinations semblent se retourner systématiquement contre elle. Il faut dire qu’elle a trouvé en Elinor, sa belle-fille, un adversaire à sa taille. Mary-Love ne rechigne pourtant devant aucune bassesse, y compris monter la propre fille d’Elinor contre elle. Mary-Love est une caricature absolue de belle-mère acariâtre et on prend un malin plaisir à s’agacer de ses manigances. Mais face à elle, Elinor n’a rien d’un ange, et ce tome le montre à deux reprises. L’ex-survivante de la cru de 1919 dévoile une nouvelle fois un visage cruel et implacable.

La fin du roman surprend et ouvre de nouvelles pistes que nous avons hâte d’explorer. La Maison montre encore une fois la puissance de la plume de Michael McDowell. La preuve ? Nous l’avons lu d’une traite !

Blackwater III : La Maison, Michael McDowell. Monsieur Toussaint Louverture, mai 2022. Traduit de l’anglais par Yoko Lacour avec la participation d’Hélène Charrier.

A propos Emily Costecalde 1036 Articles
Emily est tombée dans le chaudron de la littérature quand elle était toute petite. Travaillant actuellement dans le monde du livre, elle est tout particulièrement férue de littérature américaine.

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