ROMAN HISTORIQUE — Henri VIII est le plus connu des Tudor, et sa renommée est assurément associée à ses 6 femmes dont au moins 3 ont connu des destins funestes. Catherine d’Aragon, Anne Boleyn, Jane Seymour, Anne de Clèves, Catherine Howard et enfin Catherine Parr ; et c’est cette dernière qui est au cœur du Jeu de La Reine d’Elizabeth Fremantle, dont nous allons parler aujourd’hui.
Veuve pour la deuxième fois à l’âge de trente et un ans, Catherine Parr est contrainte de retourner à la cour du vieux roi Henri VIII. Captivé par son honnêteté et son intelligence, Henri Tudor décide de l’épouser. Tandis que Thomas Seymour, le fougueux amant de Catherine est envoyé au loin, celle-ci devient reine d’Angleterre. Passionnée par la réforme religieuse, et gardant à l’esprit le destin funeste des précédentes femmes de son mari, elle doit faire appel à toute son intelligence pour déjouer les manigances de la cour. Entre les complots, les exécutions perpétuelles et les jalousies des courtisans, elle a très peu d’espoir de survivre…
Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’histoire de Catherine Parr est fascinante ! Dernière — et sixième — femme d’Henri VIII, cette femme d’une grande intelligence sait parfaitement dans quoi elle s’embarque. Pour subjuguer le Roi et rester en vie, n’en déplaise à Anne Boleyn et Catherine Howard qui ont payé de leur tête les rumeurs sur elles, Catherine devra naviguer dans les eaux troubles de la Cour et éviter les faux pas. Car si elle n’a pas franchement eu son mot à dire dans ce mariage, elle entend bien utiliser sa position à bon escient. Renseignements pris avec d’autres sources, de ce point de vue là, le roman est plutôt bien renseigné. Car Catherine a effectivement œuvré à rapprocher les enfants d’Henri VIII (Marie, Elisabeth et Edouard) de leur père. C’est d’ailleurs plutôt intéressant à suivre puisqu’elle est mise en scène sans aucune arrière-pensée, juste attentive au bien-être de ces trois êtres mis au ban de la société. L’autre point qui semble bien abordé est l’évolution de la foi de la reine. Bien qu’élevée dans le catholicisme, il y a des preuves tangibles de son intérêt pour l’émergence du protestantisme. L’histoire propose alors une piste d’explications pour tenter d’expliquer la genèse des Lamentations d’un pêcheur, qu’elle a elle-même écrit. C’est un exploit, dans ces conditions, d’avoir évité la décapitation ! Ce livre donne réellement l’impression de vivre l’Histoire avec Catherine Parr : on tremble avec elle, on rit avec elle et cela même si on sait qu’elle survit au roi.
Le livre souffre par contre d’un certain nombre de petits bémols, au premier rang desquels on trouve la relation de Catherine avec Thomas Seymour. L’alchimie entre les personnages ne fonctionne pas du tout : alors fiction ou réalité historique, il fallait en effet placer dès le début une attraction entre les deux protagonistes afin de pouvoir expliciter leur mariage tardif. Mais le résultat est plutôt survolé … Dommage ! Enfin, c’est quelque chose qu’on rencontre souvent dans les romans historiques, il y a l’utilisation de surnoms. C’est très anglo-saxon d’abréger les prénoms de manière aussi détournée. Ainsi Catherine Parr devient Kit, et la plupart des personnages s’adressent à elle ainsi. Cela fonctionne moins bien en français, et le récit perd un peu de son universalité. On observe la même chose avec le personnage de Dorothy — Dot pour les intimes —, que son amant appelle “Mon point final”. Alors oui Dot signifie point en anglais, mais les lecteurs peuvent passer complètement à côté de ce surnom qui devient alors un peu incongru …
En conclusion, Le Jeu de La Reine est fascinant, à l’image de la vie de Catherine Parr qu’il s’attache à dépeindre. On regrettera néanmoins quelques extravagances qui ne sont pas nécessaires à l’histoire. Si la dynastie des Tudors vous passionne, vous devez vous intéresser à cette reine qui a survécu à Henri VIII grâce à son intelligence !
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