Rebel Ridge à découvrir sur Netflix

Cela faisait quatre ans que nous n’avions pas eu de nouvelles du talentueux Jeremy Saulnier, depuis sa première incursion sur Netflix. Le réalisateur des excellents “Blue Ruin” et “Green Room” s’était attaqué à un roman de William Giraldi, offrant à la plateforme un bijou de noirceur nommé “Aucun homme ni dieu”. Ce film, bien que captivant, avait un rythme lancinant qui avait rebuté certains abonnés.

Saulnier revient avec un thriller plus musclé mais tout aussi passionnant : “Rebel Ridge”, avec Aaron Pierre, AnnaSophia Robb et Don Johnson. Contrairement à “Aucun homme ni dieu”, écrit par Macon Blair, “Rebel Ridge” se distingue par son scénario qui se déploie à partir d’un événement précis, entraînant le spectateur dans une spirale narrative complexe. Cet exercice, bien que risqué, est parfaitement adapté au modèle de film « Netflix », qui cherche à capter l’attention des spectateurs.

D’une durée de plus de deux heures, le film excelle dans cet exercice, avec un rythme opposé à celui de “Aucun homme ni dieu”. Dès la séquence d’introduction, où un cycliste baraqué est contrôlé par deux policiers zélés, Saulnier aurait pu opter pour une quête de vengeance classique. Cependant, il préfère explorer l’injustice policière, révélant ses coutures au fil du récit. Bien que le film connaisse quelques baisses de régime, notamment lors de la transition entre les deux grandes sections de l’intrigue, Saulnier maîtrise ses effets avec rigueur, évitant les mises en scène trop explicites et les twists grandiloquents.

Mais le cinéaste a toujours été doué quand il s’agit de doser ses effets et il fait preuve ici d’une rigueur impressionnante, ne cédant ni aux sirènes d’une mise en scène trop explicite, ni à celles des twists grandiloquents. Certes, il garde plusieurs surprises dans sa manche, parfois révélées avec humour (le running gag des acronymes), mais à l’instar de son héros campé par Aaron Pierre, il agit calmement et en suivant la procédure… jusqu’à ce que l’une et l’autre des approches ne soient plus acceptables.

En opposant de la sorte deux représentants de l’ordre à l’américaine, le cinéaste prépare en fait le terrain pour un véritable western urbain, qui révèle toute son ampleur dans le dernier acte musclé. Aaron Pierre et Don Johnson jouent les cow-boys solitaires et les shérifs assurés, aux côtés de la locale engagée de AnnaSophia Robb, remarquable toute en fausse vulnérabilité.

Grâce à son intrigue à tiroirs, il plonge scène après scène, strate après strate, dans le ventre de la bête, qui recrache et digère dans l’indifférence générale. Le tout sans désigner de grand responsable, accusant aussi bien un système qui abandonne les petites bourgades rurales que les égos avares qui les peuplent, sans oublier bien sûr une impunité à toute épreuve, qui va vaciller face à la force brute du héros. En avançant étape par étape, “Rebel Ridge” démantèle pièce par pièce la terrible machine de la corruption, non sans violence bien entendu.

“Rebel Ridge” est disponible sur Netflix depuis le 6 septembre 2024.

A propos Kévin Costecalde 337 Articles
Passionné par la photographie et les médias, Kévin est chef de projet communication. En 2012, il a lancé le blog La Minute de Com, une excellente occasion selon lui d'étudier les réseaux sociaux et l'actualité. Curieux et touche-à-tout, Kévin aime les challenges, les voyages et l'ironie.

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