CINÉMA — Quand il s’agit de franchises de jeux vidéo, Assassin’s Creed est un géant de l’industrie du divertissement. Avec neuf jeux ayant rencontré un grand succès (et un dixième pour l’an prochain), avec des opérations marketing soignées, ce monstre des studio Ubisoft a inspiré de nombreux courts-métrages, quelques romans, publiés par Bragelonne et même un manga, paru chez Ki-oon. Ce n’était donc qu’une question de temps avant qu’Hollywood ne mette la main sur cette manne, et adapte ce va-et-vient entre passé et présent, avec en toile de fond les Assassins et les Templiers en guerre pendant des siècles.
D’emblée, le spectateur découvre une brève scène au Mexique dans le milieu des années 80, où nous rencontrons le jeune Callum Lynch au moment même où il apprend que son propre père a tué sa mère. Ambiance. Sympa la famille… Scène suivante : nous sommes passés à un pénitencier du Texas, de nos jours. Callum (incarné par Michael Fassbender) est un tueur condamné sur le point de faire face à l’injection létale. Ses derniers mots sont les suivants, dramatiques et chargés de ressentiment : « dites à mon père que je le verrai en enfer ». Ambiance bis.
Plutôt que de retrouver son géniteur dans la tombe, Cal se réveille dans un centre de réhabilitation à Madrid. «Tu n’existes plus», c’est ce que lui dit le docteur Sophia Rikkin (Marion Cotillard). La façon dont la compagnie Abstergo, possédée par son père Alan Rikkin (Jeremy Irons) a réussi à extraire Cal du couloir de la mort n’est pas vraiment expliquée car au fond, on s’en fiche un peu. Mais étant donné qu’ils sont financés à hauteur de plusieurs milliards de dollars par an par «les aînés», on imagine une firme multinationale qui a de nombreux soutiens des plus puissants…
Notre ami Cal n’est pas un criminel comme les autres : c’est le dernier descendant de la confrérie des Assassins, les Rikkin décident donc de s’introduire dans les souvenirs ancestraux logés dans son ADN. Pourquoi ? La clef pour peut-être mettre fin à la violence dans le monde s’y cacherait. Vaste tâche.
Placé dans un dispositif appelé l’Animus, Cal est soudainement plongé 500 ans en arrière dans la peau d’Aguilar, son ancêtre. Comme son aïeul, Callum court, saute, se bat et grimpe, devenant plus fort et plus agile à chaque passage dans cette fascinante machine. Grâce à celle-ci, Callum est manœuvré autour du laboratoire par une pince géante pour simuler la réalité vécue dans la peau d’Aguilar. C’est l’un des motifs visuels les plus impressionnants du film, brillamment réalisé.
Nous revoilà au 15e siècle, où Aguilar et ses compagnons sont à la recherche d’une pomme aux pouvoirs immenses au milieu d’une histoire qui implique le jeune prince de Grenade à l’âge d’or de l’Inquisition espagnole. Le réalisateur Justin Kurzel arrive plutôt bien à capter l’ambiance de l’époque. Les assassins se déplacent furtivement dans ce décor d’époque, défiant la gravité avec des sauts spectaculaires pour notre plus grand plaisir : c’est l’intérêt principal du film.
Les Rikkin sont spectateurs comme nous et ne peuvent intervenir dans l’aventure de Callum. Leur relation père-fille, et les différences qui opposent leur approche de la science, ne sont explorées que de manière superficielle. Une dernière partie du film dans le Londres moderne aurait dû conduire à un climax explosif, mais rien de significatif ne se produit, pour notre plus grand regret.
Bien évidemment, la mise en place de l’histoire suggère une suite peut être à venir, mais le jeu entre passé et présent propre à la licence Assassin’s Creed annonce des difficultés pour un futur film. Hollywood essaie de séduire les fans, l’objectif aurait pu être atteint… si seulement il y avait eu un meilleur script.
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