Silence Radio : Alice Oseman continue son étude du mal-être adolescent…

ROMAN ADO — La pression que subissent les adolescents, et les nombreuses questions qu’ils se posent sur leur identité et leur avenir, font déjà l’objet de nombreux romans. Pourtant, c’est ce thème vu et revu qu’a choisi Alice Oseman pour son deuxième livre : le jeune auteur qui s’était fait remarqué pour la publication de L’Année solitaire à tout juste dix-huit ans récidive donc avec Silence Radio, publié cette année par Nathan.

Silence Radio, c’est l’histoire d’une bande d’amis qui se cherchent : identité sexuelle, ambitions professionnelles, goûts personnels. Ce sont des jeunes gens qui ont essayé de rentrer dans le moule, avant de se rendre compte que ce n’était finalement pas si important que ça.

Prenez Frances, par exemple : toute sa vie ne tourne qu’autour d’une idée fixe, entrer à Cambridge. Pour cela, elle trime jour et nuit. Elle tait sa flamme intime, ce qui fait d’elle une jeune fille passionnée et intéressante, pour ne pas faire de remous. Aux yeux de tous, elle est Frances l’intello : elle est discrète, sérieuse, travailleuse. Comme Daniel, qui comme elle, est représentant des élèves.

Silence Radio, Alice Oseman, Nathan

Un jour, Frances rencontre Aled, le meilleur ami de Daniel. Avec lui, elle découvre qu’elle peut être bien plus que cette élève brillante que tous voient en elle. Aled, en effet, cache lui aussi un passe-temps original : il est le créateur de Universe City, une saga MP3 qui n’est pas sans rappeler Night Vale. Réunis par cette passion commune, Frances étant une grande fan d’Universe City, nos deux lycéens vont devenir amis…

Peut-être un poil moins fort que L’Année solitaire, Silence Radio n’en est pas moins un roman original, qui parle avec justesse de thèmes aussi variés que la bisexualité, les relations familiales et bien entendu, la pression scolaire. Alice Oseman ne sacrifie pas aux poncifs du genre, et nous livre un roman pour adolescents très authentique, très humain. On sent que ses personnages sont perdus, à la croisée des chemins : ils ne savent plus ni qui ils sont, ni ce qu’ils veulent. Une belle métaphore de l’adolescence…

Pourtant, on peine à franchement s’attacher aux personnages : si le récit tourne principalement autour du duo Frances/Aled, on remarque peut-être davantage Daniel, pourtant bien plus en retrait. Frances est peut-être un peu trop froide, un peu trop hautaine et plaintive, pour susciter un véritable engouement. La dynamique du duo principal est pourtant originale, car pour une fois, ce n’est pas une romance qui naît entre le personnage principal féminin et le protagoniste masculin, et la résolution du récit ne consiste pas en une scène romantique entre deux adolescents énamourés. Cela peut sembler anodin, mais c’est tellement inscrit dans l’ADN des romans réalistes pour adolescents qu’il fallait oser !

Ce deuxième roman confirme qu’Alice Oseman est quelqu’un à suivre : sa plume est résolument mâture, et elle est encore suffisamment proche de l’âge de ses personnages pour en dresser un portrait criant d’authenticité. Bravo !

Silence Radio, Alice Oseman. Nathan, 2017. Traduit de l’anglais par Anne Guitton.

A propos Emily Costecalde 1154 Articles
Emily est tombée dans le chaudron de la littérature quand elle était toute petite. Travaillant actuellement dans le monde du livre, elle est tout particulièrement férue de littérature américaine.

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