Véritable électron libre dans une famille où rien ne le prédestinait à la photographie, Depardon retrace, clichés après clichés, son enfance et les couleurs de la ferme qui le poursuivront. Il se qualifie lui-même de « primitif » et avec ses « paluches », signe de ses origines paysannes, il a l’idée folle d’essayer de capter le réel.
« Je ne savais pas que j’étais un photographe de la couleur. Elle était pourtant là. Dès les premières images » (Raymond Depardon). Tous s’accordent pour faire de lui un homme de la couleur « c’est un être visuel en couleurs […] un grand coloriste qui s’ignore » (H.Chandès, commissaire de l’exposition). Le manteau d’une femme, la bulle de chewing gum d’un gamin de Glasgow, le capot rutilant d’une voiture, autant de points dans une photo qui constituent à eux seuls une lumière dans l’obscurité du décor : une pointe de grâce.
Son Autoportrait au Rolleiflex en 1959, c’est le miroir de sa jeunesse, le début d’une carrière et des années déclics. A ce moment là, il « monte à Paris sans rien connaître du métier de photographe » tout en se présentant comme étant l’un d’entre eux. De la cuisine familial, il passe au portrait d’Edith Piaf puis, cap sur l’Afrique.
Paris n’était alors que la première étape de ce que constituent ces carnets de voyages. Pourtant, Depardon n’est pas un baroudeur et exprime lui même le paradoxe de ses nombreux périples avec son caractère casanier. « L’errance n’est ni le voyage ni la promenade […] Mais bien : qu’est-ce que je fais là ? » (extrait de Errance). Le Chili, Beyrouth, Glasgow, autant d’instants, de rencontres qui pourtant le ramènent toujours à une remise en cause et un questionnement.
« Il faut aimer la solitude quand on veut être photographe ». Depardon cherche sa place en tant que tel et tout de suite il la repère, aussi en tant qu’individu. Pour lui, un moment, c’est une réflexion et c’est fort de ce constat que lui viendra l’expression « un moment si doux » : intériorisation de la couleur et de la douceur.
Avant d’être l’oeuvre d’un artiste, les photographies de Depardon sont celles d’un homme et de son regard sur le monde. Il est « un peu en colère, un peu poète, un peu nomade, un peu politique etc… » mais avant tout, il est ce qu’il est.
Exposition Raymond Depardon – Un moment si doux.
Présentée du 14 novembre au 10 février 2014 au Grand Palais.
Par Capucine
J’espère avoir le temps pour voir cette exposition ! Je suis pas fan de l’art contemporain mais j’aime assez les expositions au Grand Palais ! Je note .