Hokusaï, « le vieil homme fou de peinture »

Jeudi matin, onze heures, une heure d’attente annoncée devant le Grand Palais… Nous sommes en novembre ; heureusement le soleil brille. L’engouement pour l’exposition consacrée à Hokusaï m’a donné envie de comprendre pourquoi ce peintre a eu, et a encore, en France, une telle popularité.

Passée l’entrée (et le choc de voir autant de monde un matin de semaine, rendant obligatoire la progression pas à pas), le visiteur est mis face à l’immensité, au foisonnement de l’oeuvre (environ 500 pièces sont présentées) et à la variété des thèmes abordés.

L’intérêt majeur, à mon sens, de cette exposition qui débute par les références à Hokusaï dans l’art français (36 vues de la Tour Eiffel, par Henri Rivière, etc.), est de sortir les oeuvres les plus connues de la fascination dont elles ont été et sont encore l’objet, en les replaçant dans le parcours de l’artiste, le cours de sa vie. De les réintégrer ainsi dans le processus global de création dont elles émanent et de faire exister également, de ce fait, toutes les autres.

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La grève de sept lieues en la province de Soshu (détail). Série 36 vues du Mont Fuji, 1830-1834.

L’exposition comporte autant de périodes qu’il y eut d’étapes dans la vie d’Hokusaï.
En parcourant toutes ces salles et devant chaque oeuvre, j’ai été frappée par la finesse du trait, la précision des détails, le sens de la composition de chacune d’elles. Par la poésie, par l’équilibre, l’harmonie, entre texte et image, couleur et noir et blanc. Par la variété, enfin, des sujets abordés par le peintre au cours de sa vie : scènes de la vie quotidienne, animaux, végétaux, paysages, villes.

Sans parler de la Manga, largement présentée : ce sont les innombrables croquis exécutés sur le vif, esquisses et caricatures. Une véritable encyclopédie par l’image. Cette oeuvre moins connue des occidentaux, à laquelle les mangas d’aujourd’hui doivent beaucoup, est considérée comme le chef-d’oeuvre d’Hokusaï : 4 000 motifs, déclinés sur plus de 970 pages réparties en 15 volumes, publiés entre 1814 et 1870.
L’ukiyo-e, l’image du monde flottant, est le mouvement artistique de l’époque Edo (1600-1860). Il désigne les peintures et estampes gravées sur bois, qui connaissent un engouement extraordinaire parmi les artistes et collectionneurs européens lorsqu’ils les découvrent. L’art de l’ukiyo-es’évertue à saisir le caractère éphémère, flottant, de la beauté du monde. Lignes claires, contours et poses tranchées, couleurs riches… l’estampe japonaise est devenue, un peu par hasard, pour les artistes européens qui ne voulaient plus respecter les codes académiques, un modèle de pureté et de modernité. Certains motifs peints par Hokusaï (Sous la grande vague au large de la côte à Kanagawa, série Trente-six vues du Mont Fuji, 1830), sont ainsi devenus iconiques.

Un peu étourdie par toutes ces découvertes, ce foisonnement, j’ai apprécié le mot de la fin, laissé à l’artiste.
Il résume avec une simplicité magistrale une vie et une oeuvre uniques, que  cette exposition nous donne la rare opportunité de découvrir dans toute sa richesse.

Autoportrait
Autoportrait

« Depuis l’âge de six ans, j’avais la manie de dessiner la forme des objets.
Vers l’âge de cinquante ans, j’avais publié une infinité de dessins,
Mais tout ce que j’ai produit avant l’âge de soixante-dix ans ne vaut pas la peine d’être compté.
C’est à l’âge de soixante-treize ans que j’ai compris à peu près la structure de la nature vraie,
des animaux, des herbes, des arbres, des oiseaux, des poissons et des insectes.
Par conséquent, à l’âge de quatre-vingts ans, j’aurai fait encore plus de progrès;
A quatre-vingt dix ans je pénetrerai le mystère des choses;
A cent ans je serai décidément parvenu à un degré de merveille,
Et quand j’aurai cent dix ans, chez moi, soit un point, soit une ligne, tout sera vivant. »

Hokusaï, 1er octobre – 20 novembre 2014
Puis 1er décembre 2014 – 18 janvier 2015
Grand Palais, Galeries nationales
Entrée Clémenceau

Par Cécile

1 Commentaire

  1. Je ne suis pas particulièrement fan de Hokusai mais j’avais adoré découvrir la célèbre vague lors de l’exposition sur Debussy au musée de l’Orangerie.
    Il faudrait que je trouve le temps de voir cette exposition ^^

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