THRILLER — J’étais curieuse de lire Les Corps cachés, après avoir visionné la saison 2 de You, qui en est son adaptation officielle. Force est de constater que j’ai été un poil déçue par la saison 2 de la série, mais encore plus par le roman qui en constitue la base. Explications.
Attention, l’article qui suit comporte des spoilers à la fois sur le roman Parfaite, et sur la saison 1 de You.
Joe, libraire et serial killer de son état, est ce qu’on appelle un new-yorkais pur jus : pourtant, le deuxième volet de ses aventures le déracine à Los Angeles, à l’autre bout du pays… LA est très différente de New York, la mentalité n’est pas du tout la même : le Joe du roman passe de très longs moments à le ressasser. Mais en règle générale, il ressasse beaucoup, notamment sur l’absence de sexe oral dans sa vie : soyez prévenus !
Pourquoi partir subitement dans la ville du clinquant et du faux quand on vit à New York, ville hautement plus intéressante ? Ce n’est qu’une des premières divergences qui apparaissent entre le roman et la série. Dans la série, Joe fuit, et se construit une nouvelle vie sous une fausse identité. Dans le roman, Joe part à LA se venger de son ex (de toute évidence, une des rares dont il n’a pas la mort sur la conscience), qui l’a roulé.
Le lecteur habitué de la série sera très déstabilisé s’il lit le roman après avoir vu cette saison 2, qui n’ont finalement que peu de points communs : Los Angeles, et les jumeaux Quinn, en substance. La saison 2 de la série était déjà assez déconcertante en soi, puisqu’elle renouvelait à peu près tout sauf Joe : lieu différent, personnages nouveaux, ambiance peu similaire… Il faut quelques épisodes (presque la moitié de la saison, en réalité) pour se couler dans le bain. Du coup, on est un peu déçu, d’autant que la saison 2 reprend presque machinalement le schéma de la saison 1 : en somme, tout est différent, mais on n’est pas surpris pour autant. Le roman ? On ne rentre jamais vraiment dedans.
Il faut dire que Joe est bien moins charismatique et attachant dans le livre que dans la série. Mais il n’est pas le seul personnage à être mieux troussé sur écran que sur papier. Delilah en est l’exemple criant. Forte, combative, vindicative dans la série, elle est plaintive, écervelée et incroyablement naïve dans le roman. Là où, dans la série, elle a un rôle vraiment important, notamment dans l’évolution de la psyché de Joe, et dans la construction de son couple avec Love Quinn, dans le roman, elle se résume principalement à la nana que Joe met dans son lit faute de mieux et qu’il finit par buter presque comme ça. Franchement dommage : où est passée la tigresse de la série, perpétuellement sur la défensive, courageuse ? Le personnage du roman n’a aucune profondeur. Que sait-on d’elle, au fond ? C’est une journaliste people, et elle suce. Cool, on est content de le savoir.
Si Forty est assez semblable à lui même dans la série et dans le roman (dans le roman, on soulignera juste la déception que représente son destin… tout ça, pour ça !), Love est de nouveau un personnage qui gagne énormément à passer à l’écran. Si les graines de ce qu’elle est dans la série sont déjà plantées dans le roman, la série la magnifie et en fait un protagoniste gentiment tordu. Sa relation avec Joe est intéressante dans la série, mais terne et absurde dans le roman : on ne sait pas trop ce qu’il se passe dans sa tête, là où la série comble habilement les blancs.
Voilà, vous l’aurez compris : j’ai trouvé le roman franchement plat et décevant, avec des ressorts dramatiques peu convaincants, qui, mieux détaillés et mieux ficelés dans la série, passent bien mieux à l’écran. La série s’est permis de modifier beaucoup de choses, ressuscitant même des personnages, ou en en créant de toutes pièces. On avait déjà la sensation que Parfaite était à la saison 1 ce qu’est un brouillon à l’oeuvre finale : c’est encore plus flagrant avec la saison 2, et ouch, ça pique de l’admettre.
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