Au bord de la rivière Cane : 4 générations de femmes afroaméricaines

Au bord de la rivière Cane, Lalitz Tademy, Charleston

VIEUX SUD — Si vous cherchez une saga familiale, doublée d’un bon roman historique sur l’esclavage aux États-Unis, ne cherchez plus : on a ce qu’il vous faut ! Au bord de la rivière Cane coche avec brio les deux cases : l’autrice brode à partir de sa propre histoire familiale le destin de quatre femmes, des années 1830 à l’entre deux-guerres. Passionnant !

Dans ce roman, Lalita Tademy remonte son histoire familiale et s’aide du récit d’une cousine pour raconter la vie de ses ancêtres : qui étaient ces femmes qui l’ont précédée ? Elisabeth, Suzette, Philomène, Emily… L’autrice les fait revivre et leur donne une histoire, une voix, faisant ainsi revivre les temps difficiles de l’esclavage, au coeur des heures les plus sombres de l’histoire américaine, ainsi que les décennies qui ont suivi la guerre de Sécession, avec le racisme et la ségrégation qui se met progressivement en place. La liberté est ainsi au coeur du récit : comment s’en emparer, puis, une fois acquise, comment tendre vers l’égalité ?

Au bord de la rivière Cane est aussi un roman vibrant sur la maternité, sur la famille : les 4 femmes du récit sont des mères prêtes à tout pour leurs enfants, pour leur assurer une vie meilleure que la leur. C’est le coeur de leurs actions. Au début, bien sûr, elles espèrent juste pouvoir les conserver le plus longtemps possible avec eux, avec, en guise de terrible épée de Damoclès, la perspective d’une vente… Puis, l’ascension sociale devient un rêve en apparence accessible. Certaines, comme Philomène et Emily, sont obsédées par le métissage et « le blanchiment de la lignée », persuadées que c’est par leur union avec des hommes blancs que leurs enfants vivront mieux qu’elles. Le calcul, le pragmatisme sont souvent nécessaires : pas de place pour le romantisme. Pour ses enfants, il faut faire ce qu’il faut… même si ça implique une vie sans amour, ou d’aller plaider avec son violeur. Bien sûr, le roman comporte des pages très dures, comme on peut l’imaginer.

Intense, extrêmement prenant et très émouvant, Au bord de la rivière Cane est un excellent roman pour qui aime les histoires de lignées matrilinéaires et les romans qui se passent dans le Vieux Sud.

Au bord de la rivière Cane, Lalita Tademy. Charleston, 2019. Traduit de l’anglais par Marie-Claude Elsen.

A propos Emily Costecalde 1154 Articles
Emily est tombée dans le chaudron de la littérature quand elle était toute petite. Travaillant actuellement dans le monde du livre, elle est tout particulièrement férue de littérature américaine.

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