Miss Austen : sur les traces des sœurs Austen !

ROMAN HISTORIQUE — Gill Hornby est journaliste et autrice. Elle vit à Kintbury, dans le Berkshire, un village dans lequel Jane Austen et sa famille ont souvent séjourné. Un point qui l’a sans doute motivée à écrire ce roman historique s’inspirant de la vie des sœurs Austen !

Dans la famille Austen, on connaît surtout Jane. Mais saviez-vous qu’elle avait eu une sœur aînée particulièrement aimante, Cassandra, au sein de sa nombreuse fratrie ? C’est elle, la Miss Austen du titre.
Le roman débute en 1840 : Jane est décédée depuis de nombreuses années et Cassandra se rend à Kintbury, pour séjourner chez une de ses nièces, Isabella, la fille de feue son amie Elizabeth. Isabella s’apprête à déménager et doit vider le presbytère dans lequel elle a toujours vécu. Cassandra sait que toute la correspondance d’Elizabeth est sans doute dissimulée dans un recoin du bâtiment. Or, celle-ci contient de nombreuses lettres de Jane et probablement des secrets de famille que Cassandra ne souhaite pas voir divulgués. La vieille dame hésite : doit-elle détruire les-dites lettres pour protéger la réputation (et la vie privée) de Jane, ou bien permettre à la postérité de savourer l’esprit brillant et acéré de l’autrice disparue trop jeune ?

Tel est le dilemme qui se pose à Cassandra : fervente défenseuse de Jane, on sait qu’elle a détruit la majeure partie des lettres de sa petite sœur et meilleure amie. Mais en 1840, c’est d’abord à une enquête presque policière que doit se livrer la vieille dame, dans un environnement hostile : si sa nièce l’accueille avec circonspection, Dinah, la domestique, semble la surveiller comme le lait sur le feu, ce qui laisse soupçonner l’existence de divers secrets… que l’autrice distille à merveille dans le récit.

Rapidement, la narration passe à une alternance entre trois époques : on suit Cassandra en 1840, celle-ci lit les lettres issues de la correspondance d’Elizabeth, lesquelles provoquent des souvenirs liés aux époques auxquelles les lettres ont été écrites. Pas de panique : la date à laquelle se déroule le récit est toujours indiquée en tête de chapitre, ce qui empêche d’être complètement perdu dans l’histoire.
Ce qui serait plus susceptible de perdre les lecteurs, ce sont plutôt les noms des personnages : toutes les familles sont très nombreuses et, tradition oblige, les fils portent les noms des pères, les filles les noms des mères, etc. De plus, le répertoire de prénoms n’est pas particulièrement varié à l’époque, ce qui nous entraîne dans une cohorte d’Elizabeth et autres Eliza, Edward, Mary ou James. Heureusement… l’autrice a veillé à tout, et publié une généalogie en début de roman, pour éviter aux lecteurs distraits d’être complètement perdus.

Au fil des chapitres, la personnalité de Cassandra, et celle de Jane, bien sûr, s’étoffent, la dernière se révélant certes brillante et mordante, mais parfois acide et pas toujours commode.
Les lettres qui sont citées sont évidemment fictives (Cassandra y ayant veillé), mais l’autrice a réutilisé les – rares – éléments biographiques de la famille Austen qui nous sont parvenus, et enjolivé le reste. Elle retrace surtout, dans ce roman, l’histoire de la condition féminine aux XVIIIe-XIXe siècle dans la petite gentry anglaise. Une chose est sûre : il ne faisait pas bon être une femme célibataire, ou veuve ! Les problèmes d’argent, de logement, et de cœur, bien sûr, sont au centre du récit.

Si vous aimez les “Austeneries”, notez celle-ci : Gill Hornby a choisi un angle inhabituel en prenant une protagoniste âgée qui se penche sur ses souvenirs, mais elle livre un récit très prenant, qui témoigne des difficiles réalités de l’époque. Une réussite !

Miss Austen, Gill Hornby. Traduit de l’anglais (Grande-Bretagne) par Barbara Versini. Hauteville, mai 2020.

A propos Oihana 711 Articles
Lectrice assidue depuis son plus jeune âge, Oihana apprécie autant de plonger dans un univers romanesque, que les longues balades au soleil. Après des études littéraires, elle est revenue vers ses premières amours, et se destine aux métiers du livre.

Soyez le premier à commenter

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*


Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.