D’or et d’oreillers : une réécriture de conte coup de cœur

RÉÉCRITURE DE CONTE — Il est des auteurs pour qui on laisse tomber toutes les lectures en cours et qui ne passent même pas par la case pile à lire. Et Flore Vesco en fait partie : sitôt reçu, sitôt dévoré (et sitôt adoré, comme toujours) ! Elle nous conte aujourd’hui l’histoire de la princesse au petit pois dans D’or et d’oreillers, son dernier roman. Mais que se cache-t-il donc sous cette pile de matelas ?

C’est un lit vertigineux, sur lequel on a empilé une dizaine de matelas. Il trône au centre de la chambre qui accueille les prétendantes de lord Handerson. Le riche héritier a conçu un test pour choisir au mieux sa future épouse. Chaque candidate est invitée à passer une nuit à Blenkinsop Castle, seule, sans parent, ni chaperon, dans ce lit d’une hauteur invraisemblable. Mrs Watkins, dont l’objectif ultime est de bien marier ses filles, envoie donc Margaret, Maria et May passer l’épreuve, au mépris de toutes les convenances. Mais comme toutes les prétendantes avant elles, elles sont renvoyées chez elles au petit matin, sans aucune explication.

Mais voici que lord Handerson propose à Sadima de passer l’épreuve. Robuste et vaillante, Sadima est la femme de chambre des Watkins et n’a pas du tout l’intention d’épouser un noble. On est donc loin de la princesse au petit pois. Et c’est tant mieux, car nous ne sommes pas dans un conte de fées mais dans une histoire d’amour et de sorcellerie où l’on apprend ce que les jeunes filles font en secret, la nuit, dans leur lit…

Difficile de choisir par où commencer dans nos arguments ! Nous vous proposons donc 3 bonnes raisons de vous jeter sur ce livre (autres que sa couverture de toute beauté).

En premier lieu, c’est un livre de Flore Vesco. Et qui connaît Flore sait que ses livres sont des pépites de langue française. Celui-ci ne fait pas exception : jeux de mots, palindromes, poèmes, métaphores filées, rien ne manque. On ne doute d’ailleurs pas en avoir loupé quelques-uns à la première lecture tant ils sont fondus naturellement dans le texte. Certains passages valent également la lecture à voix haute, pour le plaisir des oreilles.

Deuxième argument ? C’est une réécriture de conte, oui, mais une réécriture sensuelle ! Et attention, la sensualité n’est ni choquante, ni érotique. Le lecteur averti y lira des découvertes charnelles, tout en métaphores. Les autres, notamment les plus jeunes, pourront facilement passer outre ce contenu. À vous de combler ou non les silences …
Et enfin, troisième argument, l’héroïne elle-même. Sadima est un personnage comme on voudrait en rencontrer plus souvent, tellement normale et réelle que ça la rend extraordinaire. Car Sadima pourrait être chacune d’entre nous : curieuse et libre, elle n’hésite pas à prendre en main son histoire. Pas question de subir comme une princesse sage et disciplinée. Avec Sadima, c’est le consentement et l’indépendance qui trouvent enfin leurs places dans les contes de fées !

Vous l’aurez compris, c’est un gros coup de cœur ici. Dans la continuité des précédents romans de Flore Vesco, et pourtant un poil différent, D’or et d’oreillers est une réécriture moderne et un chouïa impertinente de la princesse au petit pois (mais pas que !). À découvrir de toute urgence, à tout âge !

D’or et d’oreillers, Flore Vesco. École des Loisirs, mars 2021.

 

Par Coralie.

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