NEW YORK — Qu’ont en commun une jeune New-yorkaise, un vieil homme solitaire et un écrivain qui a quitté la Pologne pour Valparaiso ? Un livre, L’Histoire de l’amour.
New-York, années 2000. Le vieux Léo, seul au monde, n’a qu’une crainte, celle de mourir sans avoir été vu le jour de sa mort, et qu’on ne le retrouve qu’au bout de plusieurs semaines. Chaque jour, il tape un roman sur sa machine à écrire, et cherche de nouveaux stratagèmes pour se faire remarquer. Toujours à New-York, Alma, quinze ans, cherche à en savoir plus sur son père défunt à travers le livre qu’il a offert à sa mère, L’Histoire de l’amour, et d’après lequel elle a été nommée. Au Chili, un écrivain juif qui a immigré de Pologne pendant la Shoah écrit L’Histoire de l’amour pour séduire une femme…
Trois destins se croisent entre les pages ce roman : des années trente au millénaire, d’Israël à New-York en passant par la Pologne et le Chili, trois voix entremêlent leurs récits : à la légèreté de la jeune Alma se mêle la gravité du ton de Léo, et l’aspect un peu lointain de l’histoire de Zvi. Des personnages tous attachants à leur manière, qui ont tous perdu quelqu’un et ont tous vécu un deuil. Mais le vrai héros du roman, c’est le livre, dont les personnages nous offrent de temps à autre un extrait. Un livre à l’histoire un brin particulière qui, pour arriver dans les mains de la jeune Alma, a fait un sacré voyage ! Ce roman, forcément, c’est une histoire d’amour, et de perte.
Le lecteur ne peut manquer d’être touché par le personnage de Léo : le pauvre aura tout vécu. Sa famille a été massacrée pendant la deuxième guerre mondiale, il a été contraint de fuir, il a perdu la femme de sa vie, et ne la retrouvera que des années plus tard pour apprendre qu’elle était enceinte de lui, mais qu’elle a depuis refait sa vie. Le pauvre Léo vit à New-York dans une solitude extrême, d’où son obsession de se faire voir. Son amour démesuré pour ce fils qu’il n’a pas connu est très touchant. C’est un personnage fort. De même, on s’attache à Alma, cette jeune fille un peu perdue, qui essaie de redonner le sourire à sa mère, et de se raccrocher au souvenir de son père, entourée de sa mère, Charlotte, une traductrice qui semble s’être écartée du chemin de la vie, et de son petit frère d’Alma, Bird, qui se croit élu par Dieu. Le style s’adapte à chacun des personnages, le résultat est un livre que l’on dévore.
Magnifique récit sur la littérature, l’amour et le deuil, L’Histoire de l’amour est de ces livres qui passionnent ou qui énervent : mais nous, vous l’aurez compris, nous avons été séduits. On quitte le récit les larmes aux yeux, émus par la solitude de Léo, par la fin de Zvi, par la candeur d’Alma, et sa quête de sens.
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