ANTICIPATION — De Kim Stanley Robinson , on avait découvert avec plaisir, l’an dernier, Aurora. On continue d’évoluer dans l’œuvre de l’auteur avec SOS Antarctica, un roman de science-fiction mêlant fiction climatique et anticipation, le tout sur les terres glacées du continent antarctique.
En ce début de XXIe siècle, l’Antarctique, dernière grande étendue inviolée de la planète, est en passe de devenir un champ de bataille : riches touristes voulant retrouver le frisson des explorateurs d’antan, multinationales convoitant les ressources souterraines de la banquise, scientifiques menant de nombreuses recherches… l’Antarctique n’a jamais été autant menacée ! Face à eux, des personnes souhaitant vivre en symbiose avec le lieu et en préserver l’environnement s’organisent. Leur lutte écologique bascule dans le sabotage, lorsqu’un groupuscule radical se surnommant les écoteurs se décide à passer à l’action. Dans la beauté froide et bleutée de l’Antarctique, qui peut prédire ce que cela va déclencher ?
L’intrigue est majoritairement organisée autour de quatre personnages : X, un technicien des multinationales des glaces, paumé et cuvant sa peine de coeur ; Wade, l’assistant d’un sénateur démocrate baroudeur qui a exigé de lui un rapport sur la situation ; Val, une guide de haute montagne, qui trimballe ses touristes d’un bout à l’autre du continent, parfois en suivant religieusement les traces des premiers explorateurs ; et Ta Shu, un des touristes de Val, poète chinois adepte du feng shui et de la contemplation. Autour d’eux, une théorie de personnages secondaires qui prennent plus ou moins d’importance en fonction des péripéties.
Si vous décidez de lire ce roman, ne vous attendez pas à en trouver beaucoup, justement. Car si l’on devait résumer schématiquement les quelque 700 pages qui le composent, on y trouve : peu d’actions, de longues et sublimes descriptions de paysages glacés, beaucoup de considérations géologiques ou politiques, et les atermoiements de quelques personnages. Oui, c’est un roman avec lequel on risque de s’ennuyer, tant le récit semble lent à se mettre en place et à se déployer. Il faut accepter de laisser à l’intrigue le temps dont elle a besoin, et celui-ci est long. Il faut traverser les longs passages descriptifs, ou les détails politiques qui, d’un premier abord, peuvent sembler éloignés du sujet. Il faut aussi regarder les interactions des personnages, leurs dialogues, leurs évocations des hommes du passé, créer une toile de fond riche et complexe qui, par moments, s’avère presque plus passionnante que l’intrigue proprement dite.
Mais une fois que l’on a accepté cela, on profite d’un roman de haute volée, dont l’ambition est de dépeindre une utopie sociale et écologique, qui se déploie pleinement dans la dernière partie du roman.
Évidemment, au fil des pages, on a largement le temps de réfléchir et de se questionner sur l’écologie en général, et l’avenir de l’Antarctique en particulier, ce qui indique sans doute à quel point le roman est réussi !
De plus, et notamment dans la dernière partie, l’intrigue mêle aux réflexions philosophiques une trame que ne renierait pas un thriller, et qui s’avère palpitante.
Avec SOS Antarctica, Kim Stanley Robinson propose une réflexion passionnante sur l’écologie, mais aussi sur la société. Il faut accepter de passer par une construction lente, mais minutieuse, riche en réflexions philosophiques, pour pleinement profiter de l’ensemble. Ce n’est pas le roman de Kim Stanley Robinson par lequel on conseillera de découvrir l’auteur, mais il vaut très clairement le détour !
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