Il suffit d’une insulte gravée dans le bois d’une table pour qu’Etienne Fusain, professeur de philosophie, décide de s’éloigner quelques temps de sa vie de tous les jours, de fuir un quotidien devenu ingrat. Il met de côté sa vie familiale et professionnelle, et vient se réfugier chez un vieil ami, médecin légiste de son état.
Crise de la cinquantaine ? Déprime ? Blues du prof, qui réalise après des années d’enseignement qu’en fait, les élèves sont désespérants ? Il suffit de fort peu pour que la trajectoire de la vie d’Etienne dévie, pour que le professeur soit désarçonné, bouleversé. Le voilà échoué chez son plus vieil ami, Denis, à assister à des autopsies et à se demander où il en est, et surtout, où il va. Il retrouve Lily, une amie perdue depuis longtemps, dont il a autrefois été amoureux. Un ménage à trois s’instaure, une sorte de parenthèse dorée, de retour à l’adolescence, loin des préoccupations d’adultes.
Dans ce roman à la fois grave et léger, Antoine Sénanque parle beaucoup de la mort, omniprésente. Denis Larbeau en a fait son métier. Ce légiste pas comme les autres tient le compte morbide de leurs camarades de classe qui ont déjà passé l’arme à gauche, faisant, ainsi, le deuil de leur enfance commune. Etienne plonge dans ce milieu glauque, devenant stagiaire à la morgue…et pourtant, au terme de ce séjour tout particulier, Etienne se sent revivre. Etienne lâche du lest, fait une pause, se donne le droit à un burn-out, et quelque part, c’est réconfortant. On a tous le droit d’être faillible, et c’est réconfortant.
C’est une jolie comédie, et une ode à l’amitié, celle qui traverse les années, et qui vous garantit toujours un canapé où échouer en cas de coup dur.
Etienne regrette, Antoine Sénanque. Grasset, janvier 2014.
Par Emily Vaquié
Un résumé qui donne envie. Si je le trouve dans le coin, je le lirai bien.