21 janvier 2014, UGC Normandie : salle comble pour l’avant-première du nouveau film de Joss Whedon. Après Buffy, Thor et Avengers, c’est tout naturellement que le réalisateur vient présenter… une comédie de Shakespeare !
Avant tout, quelques mots sur l’histoire : pour simplifier et ne pas trop en dire, tout tourne autour de deux couples. D’un côté, Beatrice et Benedick, deux cyniques qui ne croient pas au mariage et passent leur temps à s’envoyer des piques ; de l’autre, Hero et Claudio, deux amoureux sur le point de s’échanger leurs voeux. Mais il suffit d’un rien pour changer la haine en amour et vice versa… Coïncidence : à l’époque élizabéthaine, nothing se prononçait comme noting, qui peut vouloir dire observer, espionner, surprendre, etc. Et en plus nothing était aussi un terme argotique pour désigner le sexe féminin –bref, Shakespeare n’a pas choisi ce mot pour rien.
Quatre siècles plus tard, en Californie, un certain Joss Whedon est sur le point de terminer Avengers 2. Pour se détendre pendant sa semaine de vacances, plutôt que de partir à Venise avec sa femme, il décide d’adapter Beaucoup de bruit pour rien avec sa troupe de comédiens (comprendre : sa bande de potes). Pour les fans, c’est l’occasion de retrouver Amy Acker (Angel), Alexis Denisof (Buffy, Angel), Nathan Fillion (Firefly), Clark Gregg (Agents of Shield), etc. Pour les autres, c’est l’occasion de les découvrir ‒ la performance des deux premiers est particulièrement remarquable. Quant aux Shakespearophiles, qu’ils se rassurent : la subtilité, l’humour et le génie du grand William sont intacts ! Son talent n’en ressort que plus éclatant quand on voit la facilité avec laquelle cette pièce peut être modernisée, alors qu’elle a été écrite en 1600 (1600 !). Le texte original est bien sûr conservé en l’état, mais les acteurs le font couler avec un naturel désarmant et savent être aussi drôles que touchants.
Joss Whedon a choisi de filmer en noir et blanc, à la fois par souci d’élégance et en hommage aux comédies romantiques hollywoodiennes des années 1940-1950, qui développaient souvent elles aussi une vision un peu désabusée de l’amour. Ce choix contribue à renforcer la séparation avec la réalité du spectateur, rappelant ainsi la théâtricalité originelle. Parce qu’il se sert de sa propre maison comme décor (!), il sait en exploiter toutes les possibilités, à tel point qu’on peine à croire qu’elle n’a pas été construite spécifiquement pour le film. À la délicatesse de l’image s’ajoute donc l’intelligence du cadrage pour donner un résultat esthétiquement formidable (dont l’affiche donne une petite idée).
Bref : vous l’aurez compris, ce film est un must-see (puis un must-see-again). S’il fait beaucoup de bruit, ce ne sera pas pour rien !
Beaucoup de bruit pour rien, Joss Whedon. 1h48. En salles le 29 janvier 2014.
Merci Lisa 🙂 à voir et revoir en effet! GROS coup de cœur pour un film qui sort des sentiers battus, avec succès !
Merci Lisa 🙂 à voir et revoir en effet! GROS coup de cœur pour un film qui sort des sentiers battus, avec succès !
Merci Lisa 🙂 à voir et revoir en effet! GROS coup de cœur pour un film qui sort des sentiers battus, avec succès !