Nancy a tout pour être heureuse : un mari merveilleux, une fille adorable, un excellent poste de professeur d’astrophysique en Australie. Seule ombre au tableau : sa belle-mère, dont l’omniprésence vire parfois à la tyrannie. Edith s’incruste partout, sous couvert de bonnes intentions. Ces mêmes bonnes intentions la poussent à rejoindre son fils, sa belle-fille et sa petite-fille sans les prévenir alors qu’ils coulent d’heureuses vacances dans les îles Fidji. Elle va, vient, virevolte de l’un à l’autre, se mêle de tout, s’impose constamment. Jusqu’au drame.
Une nuit, un véhicule, la route. L’accident. Nancy se retrouve seule avec la petite Chloe, indéfiniment coincée avec sa belle-mère sur le dos, privée de Mike.
Commence alors une nouvelle vie, nouvelle organisation, en gérant l’omniprésence d’Edith, et la terrible absence de Mike.
Le récit se déroule dans un flou temporel permanent : s’il atteint un certain degré intemporel le rendant efficace, il est parfois difficile de savoir où l’on en est.
De plus, la relation entre Nancy et Edith est grevée de non-dits, que le lecteur doit déchiffrer lui-même. Edith voudrait-elle que Nancy vive dans le souvenir de Mike, ou préférerait-elle qu’elle aille de l’avant ? On oscille entre les deux, du début à la fin.
On suit la relation entre la belle-mère et la belle-fille qui s’étoffe peu à peu, et progresse, passant d’une légère hostilité de circonstance, à une complicité de plus en plus profonde, à travers les petits riens du quotidien.
L’évolution est sensible, et parfois même touchante. Pourtant, la plupart du temps, on reste en surface des choses, et il faut s’attacher à décoder les scènes pour en percevoir toute la portée. On reste alors un peu en dehors du récit, simple spectateur, des rapports qui unissent Edith, Nancy, et Chloe.
Du soleil en boîte propose une réflexion intéressante sur les rapports familiaux, notamment entre belle-mère et belle-fille : que deviennent-elles une fois que la personne qui les unissait disparaît ? Si le fond ne manque pas d’intérêt, la forme, elle, fait que le lecteur reste toujours un peu en dehors de l’histoire. Difficile, alors, de se passionner pour les tribulations des trois femmes. Pourtant, le récit recèle quelques perles enthousiasmantes, et des scènes terriblement émouvantes – comme celle à laquelle il doit son titre.
Voilà donc un roman un peu inégal, mais attachant, et au propos intéressant.
Du soleil en boîte, Christine Leunens. Philippe Rey, 9 mai 2014. Traduit par Bernard Turle.
Ambiance Ma meilleure ennemie, non ? 😉
Oui, il y a un peu de ça, c’est vrai !