C’est en visitant la Tate Modern à Londres que j’ai été frappée par la beauté des photos de Robert Mapplethorpe. Quelques autoportraits, quelques portraits, Andy Warhol, Keith Harring, Patti Smith, et, chaque fois un noir très profond contre un blanc très pur. Peu d’ombres, peu de nuances. Le coup de foudre. D’où ma joie en apprenant l’installation d’une rétrospective du photographe au Grand Palais, du 26 mars au 13 Juillet 2014.
La première photo de la rétrospective est aussi celle utilisée pour l’affiche. Pas étonnant, étant donné qu’elle constitue une des plus belles de la collection présentée. On y voit l’artiste un an avant sa mort, gravement atteint par le sida, dans une mise en scène magnifique. Sur un fond d’un noir intense, seuls ressortent son visage émacié et sa main, tenant une cane ornée d’un crâne. Il s’agit là d’un des nombreux autoportraits de Mapplethorpe.
« Je cherche la perfection dans la forme. Dans les portraits. Avec les sexes. Avec les fleurs. »
On se promènera ensuite au milieu des sujets de prédilection de l’artiste : d’autoportraits en corps nus, féminins et masculins, de portraits en natures mortes de florales, en passant par des photographies de statues. On passera même par une pièce « érotique » interdite aux mineurs dans laquelle ont été exposés quelques clichés plus subversifs et où la nudité et le rapport au sexe sont plus explicites. Mais au final la rétrospective reste très aseptisée et ses photographies les plus « hard » n’ont pas fait le déplacement jusqu’au Grand Palais.
L’exposition nous emmène en voyage à travers la quête de la perfection esthétique dans laquelle s’est lancé Robert Mapplethorpe, et nous fait découvrir le New York des années 70 à travers ses yeux. Il les pose sur des corps, sur des visages, sur des sexes, sur des fleurs, et y voit indifféremment des sources de beauté. Le spectateur ressent devant chaque cliché un sentiment de pureté, de précision. Chaque scène est organisée à la perfection, et aucun détail n’est laissé au hasard. Chaque angle semble mûrement étudié, chaque photo semble découpée au millimètre. En ce qui concerne la lumière, elle est toujours différente, mais elle constitue toujours l’élément principal, celui qui donne son âme aux photographies.
« Je vois les choses comme des sculptures, comme des formes qui occupent un espace »
Si elle est précise et organisée, sa photographie est aussi très proche de la sculpture. Le mouvement est palpable dans l’immobilité. Le galbe des muscles et les traits capturés sur la pellicule pourraient avoir été ciselés dans la pierre. Le Grand Palais et le musée Rodin ont d’ailleurs mis en place, parallèlement à l’exposition Mapplethorpe, une exposition au musée Rodin confrontant les photographies de l’un aux sculptures de l’autre.
Ponctuée par les corps et les visages de ses muses, Ken Moody, la culturiste Lisa Lyon ou encore Patti Smith, l’exposition n’est pas longue, mais elle vaut le détour. S’il y a une chose que je peux reprocher à cette rétrospective Mapplethorpe, c’est le manque d’informations sur le photographe, sur sa vie, qui guideraient le spectateur à travers l’exposition. Seule une chronologie retraçant quelques éléments de sa vie est affichée en fin d’exposition, mais en ce qui me concerne, elle m’a laissée sur ma faim. Ponctuer l’exposition par des cadres explicatifs aurait permis aux visiteurs de situer les œuvres dans la vie de l’artiste, et peut-être de s’immerger plus encore dans son univers.
En revanche, les ressources consultables en ligne sur le site du Grand Palais (http://www.grandpalais.fr/fr/article/mapplethorpe-toute-lexpo) sont on ne peut plus complètes, et mériteraient d’être davantage mises en avant. On y découvre à travers des articles et des vidéos tirées du webdocumentaire « Mapplethorpe, une vie à New York » les évènements, les lieux et les personnages marquants de la vie du photographe, mais aussi son combat contre le sida qui l’a emporté le 9 mars 1989 à seulement 42 ans.
Une exposition à voir, jusqu’à ce soir !
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