Fresque familiale sur plusieurs générations, L’Ile des oubliés immerge le lecteur dans de magnifiques paysages crétois, le laissant peu à peu découvrir des secrets soigneusement dissimulés depuis des décennies. Un roman comme on les aime, qui nous tire de la torpeur de cette fin d’hiver.
Le roman s’ouvre sur une quête : nous sommes en 2001. La jeune Alexis est à un tournant de sa vie. Elle est sur le point de partir en voyage en Crète, le pays de ses ancêtres, avec son compagnon de plusieurs années, avec qui elle envisage de rompre, mettant ainsi fin à un projet de vie toute tracée. Mais avant de prendre toute décision, la jeune femme souhaiterait en savoir davantage sur les origines de sa mère, très secrète à ce sujet. Elle part en Crète munie d’une lettre à destination d’une vieille amie de sa mère, et traverse l’île jusqu’au village de Plaka, d’où viennent ses ancêtres. Elle découvre un petit village crétois typique, à l’exception de la présence mystérieuse de l’îlot de Spinalonga, une ancienne léproserie.
La majeure partie du récit nous immerge dans le quotidien des habitants de Plaka de 1939 aux années 1960. Alexis découvre comment sa famille fut décimée le jour où Eleni, son arrière-grand-mère, s’est découverte victime de la lèpre et fut donc obligée de s’exiler sur Spinalonga. Le lecteur observe alors par le biais d’Eleni la vie des habitants de la colonie rongée par la maladie, et, effaré, découvre la virulence de cette épidémie, et la violence des préjugés à l’égard des malades. A Plaka, les passions se déchaînent et la famille d’Alexis ne sera pas épargnée par les drames.
La grande force de ce roman réside dans la puissance visuelle des paysages décrits : Plaka semble émerger des brumes de la fiction et devenir réelle, tangible. Il nous semblerait presque discerner le soleil d’été sur les maisons de pêcheurs et le bleu de la mer. Ces paysages crétois ne nous donnent qu’une envie, faire nous-même le pèlerinage d’Alexis, pour découvrir de petits villages pittoresques et déguster de savoureux plats typiques. A cela s’ajoute un style plaisant et sobre, qui rend le récit des plus agréables à lire. L’Ile des oubliés est une véritable fresque familiale comme on les aime, nous dépaysant juste ce qu’il faut.
L’Ile des oubliés, Victoria Hislop. Editions Les Escales, 2012.
Par Emily
j’ai adoré ce roman 🙂