« Livre doudou », « page turner », « livre feel good » : on lit beaucoup de choses en ce moment sur le roman de la Suédoise Katerina Bivald, La Bibliothèque des cœurs cabossés, sur lequel nous avons décidé de nous pencher aujourd’hui.
Quand la jeune Sara débarque de sa Suède natale pour rentre visite à son amie Amy dans l’Iowa, avec qui elle a longtemps entretenu une correspondance autour de leur passion commune, les livres, elle tombe des nues car rien n’est comme prévu. En effet, la jeune femme n’arrive dans la petite bourgade de Broken Wheel que pour s’entendre dire que son amie est décédée. La voilà donc seule et un peu perdue dans un tout petit bled américain, pour les deux mois à venir…
Un petit bled qui, contre toutes attentes, va tout bonnement l’adopter et qui va l’aider à ouvrir une librairie à partir de tous les livres qu’Amy a aimé. Sara souhaite apporter la littérature aux habitants de Broken Wheel et va ainsi contribuer à redonner un semblant d’activité dans cette petite ville décimée par la crise économique. Et lorsque le visa de tourisme de Sara arrive à expiration, toute la ville va se mobiliser pour qu’elle puisse rester.
La Bibliothèque des cœurs cabossés est un drôle de roman qui nous fait passer par de nombreuses émotions… pas toujours des plus positives… C’est suffisamment rare pour être mentionné : on passe de l’agacement le plus extrême à un attendrissement soudain au fur et à mesure que le roman progresse. Celui-ci commence en effet assez mal, par une collection de clichés tous les plus éculés les uns que les autres. L’héroïne, Sara, n’échappe pas au phénomène : elle incarne à elle-seule toutes les idées reçues sur les gros lecteurs, et entretient particulièrement celles qui les rendent antipathiques au reste de la population. Elle est maladroite, asociale, empotée, préfère les livres aux gens, n’a pas de vie en dehors des romans. Fort heureusement, au contact des habitants de Broken Wheel, elle s’améliore grandement… Habitants qui ne font pas non plus dans l’originalité, car l’on retrouve toute une galerie de personnages sans véritable complexité : la femme au foyer hyperactive, la vieille fille qui se révèle moins raisonnable que prévu, l’alcoolique repenti, et surtout, le célibataire séduisant bien que désagréable de prime abord. Effectivement, de ce point de vue de l’intrigue, tout est cousu de fil blanc. On voit arriver la fin de l’histoire de très, très loin.
Et pourtant, ce n’est pas déplaisant. Au contraire, on se surprend à vouloir lire plus vite, pour savoir ce qui va arriver à Sara, quand bien même on l’aura deviné dès le début. L’histoire d’amour que vit la jeune femme touche et on attend avec impatience qu’elle se révèle au grand jour. Ces personnages qui nous semblaient faits de carton pâte de prime abord se révèlent finalement très touchants, en particulier George et Caroline. Ce sont nos petits chouchous dans ce roman.
Ce qui finalement nous plait le plus dans le récit de Katarina Bivald n’est finalement pas l’amour des livres de l’héroïne, qui semble presque emprunté et excessif (quand bien même nous sommes nous-mêmes de gros lecteurs, c’est dire !), mais sa description pleine de bonne humeur de la vie dans les petites villes américaines. Au terme de la lecture, le lecteur n’a qu’une envie : prendre un billet d’avion pour découvrir les champs de maïs et les chênes de l’Iowa, où il ne se passe pourtant pas grand chose. Katarina Bivald décrit à la perfection la lente agonie des villages américains, désertés par les jeunes qui leur préfèrent les grandes villes, décimés par le chômage et la fermeture des commerces et fait l’éloge des petites communautés soudées… A chaque fois que Sara regarde par la fenêtre et laisse son regard courir sur les champs et les rues de Broken Wheel, le lecteur a l’impression d’être à ses côtés et de regarder lui-aussi la petite ville…
Si notre avis sur La Bibliothèque des cœurs cabossés est somme toute mitigé, on ne pourra nier le caractère efficace de l’intrigue : bien qu’évidente et noyée de bons sentiments, l’histoire de Sara nous touche et nous fascine.
Dommage pour cet avis mitigé mais je comprends parfaitement tes arguments 🙂 J’espère que ta prochaine lecture te plaira plus 😉
J’ai bien fait de ne pas le demander ! En lisant ta critique, je me dis que j’aurais eu bien du mal à l’apprécier, malgré les points positifs que tu soulignes en fin de billet…
Pourtant, le pitch était si prometteur !
L’agacement face aux clichés, c’est exactement ce que j’ai ressentis face à Sara. Mais contrairement à toi, je ne suis jamais revenue du côté positif des émotions. Je suis complètement passée à côté de ce roman.
Je vous trouve vraiment injustes et assez snobs ! Moi, je ne boude pas mon plaisir, j’ai adoré ce roman ! Oui les personnages sont simples, mais c’est ce qui les rend proches de nous et attachants. C’est un livre pour les amoureux des livres et j’en fais partie.Pas besoin de se prendre la tête, juste envie d’éprouver un énorme plaisir de lecture, moi je prends ! Et la couverture est superbe, ce qui ne gâche rien.
Bonjour,
Je vous remercie d’avoir pris la peine de lire mon article. C’est justement parce que je suis une amoureuse des livres que j’ai certaines attentes dans mes lectures. Je ne pense pas avoir été injuste dans mon article, dans lequel j’ai donné librement et honnêtement mon ressenti : je n’ai pas hésité à souligner également les points positifs ce roman. On ne peut malheureusement tout aimer, et que vaudrait la critique positive si elle n’avait son pendant ? Ne trouvez-vous pas par ailleurs que le terme « snob » est un peu fort ?
Bien à vous,
Emily Vaquié
Ah dommage que tu n’y ait pas trouvé tout ce que tu attendais !
J’ai bien aimé, parce que ce n’est pas prise de tête et facile à lire, j’ai passée un moment agréable 🙂
J’ai beaucoup aimé ! a la fois simple et attachant…