Avant de disparaître : un titre énigmatique, pour un roman dont je ne savais rien, mais qui, finalement m’a évoqué le talent de Barjavel.
Antoine Kaplan vit dans un Paris bien différent de celui que l’on connaît. Nous sommes quelques années après qu’une terrible épidémie, ressemblant à la rage, se soit abattue sur le monde. Retranchés dans une ville coupée du monde, les survivants guettent le moindre signe de maladie chez leurs voisins et vivent dans un monde de pénurie, de destruction et de promiscuité. Antoine est médecin et chargé de détecter les premiers signes de la maladie chez ses concitoyens. Subitement, sa femme disparaît…
Avez-vous vu Je suis une légende, film qui n’a rien à voir avec le très bon livre de Matheson? Dans ce cas, vous aurez une idée de comment je me figure les infectés, ces gens qui étaient vos voisins, vos amis, et qui, subitement, tombent malades et deviennent avides de chair fraîche. Dans un monde proche du chaos, où la peur est constante et la guerre une réalité, Antoine, lui, cherche à mettre des mots sur la disparition de sa femme, et à la retrouver. Sa quête de réponses l’amènera à sortir de son cocon tranquille pour errer dans le sous-sol de Paris, à côtoyer toute sorte d’individus, du policier motivé, au détective maniéré, en passant par divers hors-la-loi. Un roman catastrophe, donc, qui n’est pas sans rappeler l’atmosphère de Ravage, par sa folie ambiante, et son Paris dévasté. Barjavel aurait-il trouvé un successeur?
Antoine est un personnage sympathique, qui se dévoile au fil des pages. Par son biais, nous découvrons un futur inquiétant où les règles sont peu à peu abolies : face à cette épidémie, les autorités peinent à conserver leur humanité et finissent par tirer à vue, et mettre en place des sortes de camps de concentration pour population à risque. Paris se mue en une sorte de dictature, avec le nom d’un homme politique, Joseph Bel, sur toutes les lèvres : on se croirait en pleine Union Soviétique quand Antoine se voit obliger de partager son appartement avec une jeune femme à qui le logement a été attribué du fait de ses fonctions dans la société.
Un livre qui se lit avec aisance, du fait d’une histoire intéressante, bien qu’effrayante, servie par un style des plus agréables. Fans de Barjavel, lancez-vous ! Pour les autres, vous devriez également y trouver votre compte !
J’ai lu ce livre dans le cadre de l’opération de rentrée littéraire Libfly/ Furet du Nord. Merci à Lucie et à son équipe !
Je m’en souviendrai, d’autant plus qu’il me semble avoir lu un autre livre du même auteur – avec un certain bonheur.
Je ne connaissais pas du tout, mais je note 🙂
Pour de fans de Barjavel … et autres ; en réalité ce livre est assez inclassable (j’ai lu sur un autre blog la description suivante : « la Peste de Camus, revu par Enki Bilal »).
La science-fiction, tantôt très présente, peut aussi s’effacer derrière le ‘polar’, l’introspection sentimentale, la description critique d’une certaine mondanité artistique.
L’histoire est ‘prenante’, mais on y trouve aussi par petites touches, des réflexions sur la vie et, le final me semble même être un touchant hommage à la paternité, qui dans les derniers instants constitue pour l’homme aveugle, perdu, mourant le lien à la vie, par excellence.
Une grande réussite !