Friends : le charme des nineties

Les années 90 nous semblent à la fois terriblement proches et affreusement lointaines. Les images que nous en conservons semblent déjà un peu passées, un peu ternes, presque sépias, quand bien même nos souvenirs restent frais. Les jalons les plus marquants de la décennie sont bien ancrés dans nos mémoires : le suicide de Kurt Cobain, le triomphe des Spice Girls, l’élection de Jacques Chirac, l’euphorie de la coupe du monde… et Friends, bien sûr !

Il suffit de regarder quelques épisodes de la toute première saison de Friends, diffusée en 1994 pour se retrouver immergé jusqu’au cou dans les années 90. Plus de dix ans après la fin de la sitcom, il est un peu étrange de se retrouver soudain à regarder les balbutiements de la série : nos acteurs apparaissent de nouveau sur l’écran jeunes et frais (car soyons honnêtes, les années n’ont pas été très tendres avec la plupart d’entre eux), et mettent en place les intrigues qui nous tiendront fascinés dix saisons durant.

La saison 1 de Friends, c’est tout le charme et l’insouciance des années 90 qui se révèle sur une vingtaine d’épisodes. Nos héros sont jeunes et beaux, ils vivent dans une des villes les plus fascinantes du monde, j’ai nommé New York. Ils semblent passer plus de temps à glandouiller sur le canapé du Central Perk qu’au travail – même si l’on nous montre bien de temps en temps nos personnages en plein labeur : Chandler dans son cubicle en train de fumer en cachette, une Monica avec toque et tablier en pleine discussion avec sa collègue au dessus des fourneaux, ou encore Ross en train de mettre en place une reconstitution dans son musée…

Friends, le charme des nineties

« Welcome to the real world! It sucks. You’re gonna love it! » dit ainsi Monica à Rachel, qui vient de quitter le cocon familial en trombe, larguant son fiancé à l’autel. Mais finalement, la vie des amis de Friends est-elle vraiment représentative de celle des jeunes new-yorkais de 1994 ? Quand on voit le sublime appartement de Monica, plutôt bien situé qui plus est, on ne peut s’empêcher de se demander comment une jeune femme de vingt-cinq ans au salaire loin d’être faramineux peut se payer une telle location. On apprendra plus tard que Monica profite du bail avantageux accordé autrefois à sa grand-mère. Certes. Mais Chandler et Joey, ses voisins d’en face, ont également un appartement de belle facture, bien qu’ayant bien moins de charme que celui de Monica. Joey ayant des rentrées d’argent plus qu’aléatoires, nous ne pouvons que supposer que c’est Chandler qui prend en charge un loyer que l’on imagine plutôt important. Ces considérations immobilières mises à part, nous pouvons tout de même dire que nos héros de Friends ne s’en sortent pas si mal.

Et pourtant, des problèmes, ils en ont. Ross vient de se faire larguer par son épouse qui lui préfère une autre femme, et lui révèle de surcroît être enceinte. La carrière artistique de Joey est au point mort. Chandler a tout du loser magnifique. Monica est le vilain petit canard de sa famille. Rachel se retrouve subitement sans emploi, sans logement. Et ne parlons même pas de Phoebe, dont la vie semble tirée d’un roman de Dickens. Et pourtant, tout s’arrange. Ross oublie ainsi peu à peu sa rupture en tombant sous le charme de Rachel, qui emménage chez Monica et décroche un petit boulot de serveuse. Les ennuis sont passagers, tout ira bien très bientôt, et en attendant, le spectateur se bidonne bien.

Friends, le charme des nineties

D’un point de vue sociologique, nul doute que cette première saison de Friends en dit probablement beaucoup sur l’insouciance de la jeunesse new-yorkaise des années 90 : c’est la ronde des rendez-vous amoureux plus ou moins foireux, que l’on décortique entre amis au Central Perk, les samedis soirs à occuper (à défaut, on ira au Launderama), les parents à bluffer alors qu’en réalité, on sera adulte demain. Cette première saison aborde avec justesse cette question qui nous turlupine tous : le passage à l’âge adulte, incarné tout particulièrement par Rachel dans cette première saison. A vingt-cinq ans environ, la jeune femme a toujours vécu dans une cage dorée : la voilà qui découvre avec effarement sa première fiche de paie, ou comment faire une lessive toute seule. Ces instants sont savoureux, mais pas si caricaturaux que ça : on est tous passés par là.

Finalement, on se laisse happer par la série et on regarde avec plaisir trois, quatre, cinq épisodes de cette sitcom que l’on a autrefois suivi de bout en bout. Nostalgie, quand tu nous tiens…

 

A propos Emily Costecalde 1154 Articles
Emily est tombée dans le chaudron de la littérature quand elle était toute petite. Travaillant actuellement dans le monde du livre, elle est tout particulièrement férue de littérature américaine.

5 Commentaires

  1. Cette série <3 Je pense que j'ai vu tous les épisodes au moins trois fois. Mais en même temps quand je les revois maintenant je ris à d'autres situations, je comprends d'autres choses que quand je regardais enfant ou ado. C'est la magie de Friends en fait, à chaque fois on se laisse prendre.

    • Haha, moi non plus je n’étais pas très vieille en 94 ! J’ai en fait découvert Friends juste après la diffusion de la dixième saison. Un peu à la masse, donc !

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  1. Nostalgie Friends : un essai pour les fans de la série des nineties ! - Café Powell

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