Alain Damasio écrit peu, mais chaque texte possède une sorte de fulgurance intérieure, aux dires des nombreux lecteurs, qui fait que l’on savoure chaque attente. La Horde du Contrevent, un des meilleurs textes des littératures de l’imaginaire du XXIe siècle, sans aucun doute, en est la preuve. A l’occasion des xx ans de la collection, Folio SF le réédite sous une nouvelle couverture – parution qui s’accompagne d’un concours de fanfictions.
La Horde du Contrevent, c’est la 34e, celle du 9e Golgoth. Avant elle, 33 hordes l’ont précédée. Après elle, Golgoth a décidé qu’il n’y en aurait plus. La 34e est bien partie pour remplir la mission des hordes : atteindre l’Extrême-Amont et remonter l’origine du vent.
Sur cette planète balayée par les vents, se déplacer à pieds tient de l’exploit. Dans les villages, on se calfeutre, on se cache, on s’aplatit sous les éléments déchaînés. A Aberlaas, la cité, on a quasiment oublié ces besogneux du sol et du vent qui, envers et contre tout, depuis l’enfance, marchent.
Avouons-le : il faut s’accrocher sur le départ. Car on plonge instantanément dans l’univers de Damasio, ainsi que dans sa prose. Il y a 23 hordiers, soit presque autant de narrateurs, matérialisés en tête de paragraphe par un petit signe diacritique qui leur est propre. Complexe ? Au début, oui. Mais, rapidement, on devient tellement familier de ces voix si caractéristiques qu’on n’a même plus besoin de se reporter au sommaire pour savoir qui parle.
Plonger dans le roman, c’est aussi plonger dans le style poétique et évocateur d’Alain Damasio. En à peine deux pages, il enferre son lecteur dans des sonorités évocatrices, obtenues grâce à des phrases à la construction minutieuse, parsemées de néologismes dont la musicalité évoque le vent et les tempêtes qui balaient le sol.
Tour à tour, on suit les voix des différents hordiers qui remontent, unis, vers l’Extrême-Amont : comme ils vont à rebours, le livre est paginé à l’identique, ce qui fait visualiser la progression de la quête. L’intrigue tourne autour du voyage en solitaires et des difficultés qui y sont liées.
Mais le roman est loin d’être morne : les épisodes inattendus se succèdent, telle l’escale chez les Fréoles, l’arrêt à la Tour d’Aer, ou la fantastique joute littéraire de Caracole. C’est peut-être à cet instant-là que l’auteur atteint le sommet de son art, déployant une science du langage admirable. D’ailleurs, certaines scènes gagnent à être lues à voix haute. L’histoire est donc extrêmement variée : si le roman paraît épais, mêlant à la quête des accents de fantasy et de science-fiction, mâtinés de thriller et d’espionnage : bref, on ne s’ennuie pas une seule seconde.
Ouvrir La Horde du Contrevent, c’est plonger dans un vaste roman-univers à mi-chemin entre science-fiction et fantasy s’étalant sur plusieurs années, se familiariser avec tous les membres de la horde et découvrir une plume hors du commun. Un grand roman, dont la lecture marque durablement l’esprit.
J’ai tellement envie de découvrir ce monument de la littérature de l’Imaginaire… ! Il faut que je prenne le temps de le faire, parce que je suis très tentée.
Ho oui, trouve-toi un moment ! La forme peut faire peur mais ça se lit tout seul et c’est tout simplement fabuleux ! Je te recommande vivement d’en lire certains passages à voix haute pour profiter à fond du texte 🙂
Il est dans ma PAL, j’ai vu tellement d’avis positifs que j’ai craqué ^^
Et tu as bien fait !
Magnifique chronique, rendant parfaitement hommage à ce magnifique roman ! Un pilier de la SFFF, à n’en pas douter 😀
Je n’aurais pas mieux dit. Même si j’ai plus eu l’impression de lire un récit de fantasy :p (éternel débat !)
Pas une lecture évidente mais tellement fascinante !